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Les 200 jours : le Off !

Dernière mise à jour : 24 mars



Parce ce qu'il ne serait pas honnête de vous laisser partir au boulot dans le froid et la grisaille en pensant que nous avons trouvé la clé d'une vie libre de toutes contraintes et de toutes contrariétés, en guise de bilan des 200 jours, voilà un florilège de tout ce qu'on ne vous a pas dit...

Les manœuvres

Il y a 200 jours, les manœuvres de port n'étaient pas notre point fort, loin s'en faut. Aujourd'hui, nous maîtrisons (quasi) parfaitement l'amarrage à la grecque ou le créneau de notre 12 tonnes.

La preuve en images :


Pourtant il faut que l'on vous dise, ...ça n'a pas toujours été sans mal...

Il y a eu cette fois à Karpathos où on a du s'y reprendre au moins 4 ou 5 fois car le gars qui était venu pour nous aider depuis le quai n'arrêtait pas de relâcher l'amarre que Jean-Luc lui envoyait (très très énervant). Il avait décrété que c'était mieux si on s'amarrait dans l'autre sens... La manœuvre finie, il a fait mine d'attendre un petit pourboire. On a fait mine de ne pas comprendre.


Il y a eu cette fois à Nisiros où on a oublié d'allumer le coupe-circuit du guindeau lors d'un amarrage à la grecque, ce qui a empêché la chaîne de l'ancre de se dérouler suffisamment. Le lendemain, il a fallu remonter l'ancre et la déplacer quelques dizaines de mètres plus loin avec l'annexe, car le vent avait forci et ne permettait pas de ressortir le bateau de sa place pour refaire la manœuvre.

Il y a eu cette fois à Samos où après une journée éprouvante à tirer des bords dans une mauvaise houle, on croyait enfin souffler en arrivant au port à la tombée de la nuit. C'était oublier un peu vite la délicate phase de manœuvre... Nous avons raté notre première tentative d'amarrage à la grecque, il a fallu remonter l'ancre pour recommencer. Manque de bol (cf. Loi de Murphy), en remontant notre ancre nous avons accroché celle du voiler à côté de nous. Impossible de s'en dépatouiller sans déclencher des cris d'indignation des quelques badauds massés sur le quai... Jean-Luc a donc gagné un bain de nuit pour aller démêler les ancres au fond de l'eau.

Depuis, Jean-Luc s'est penché sur le moyen d'améliorer le débit de notre guindeau. Aux grands maux les grands remèdes, à l'aide d'un peu d'acide chlorhydrique, de coups de massette et d'une disqueuse, il est venu à bout de la poupée soudée au barbotin par le sel et qui empêchait la chaîne de se dévider correctement...


Les mouillages

Quel plaisir de changer tous les jours de paysage et d'avoir la liberté de mouiller le soir à peu près n'importe où le long des côtes.

Il faut pourtant que l'on vous dise... que parfois on a des mauvaises surprises.

A la sortie du détroit des Dardanelles, après une longue journée de navigation, nous n'avons pas voulu rentrer dans le petit port de Kemer car la nuit tombait et nous avons préféré mouiller devant. Nous nous y sommes repris à deux fois, l'ancre paraissant mal accrochée au premier essai (on aurait dû se méfier...). Pendant la nuit, le vent a forci jusqu'à 25 nœuds (cf. Murphy) et nous avons été réveillés vers 2h du matin par l'alarme de mouillage qui nous prévenait que le bateau glissait... Nous avons rajouté 20 m de chaîne aux précédents 30 m déjà dans l'eau, ce qui a été très efficace, ... pendant une heure environ. De nouveau, vers 3 h du matin, l'alarme de mouillage a retenti. Cette fois-ci, plus moyen de rallonger le mouillage, il fallait le relever et quitter les lieux car le vent continuait à forcir. Murphy n'étant jamais très loin, c'est à ce moment précis que la batterie du guindeau nous a lâchés. Nous avons donc dû remonter les 50 m de chaîne à la main, par 25 nœuds de vent, au saut du lit... pour nous faire brasser/rincer ensuite pendant une bonne douzaine d'heures...

La plongée

A bord de Pythéas, nous avons tout l’équipement nécessaire (sauf le compresseur) pour faire de belles plongées.

Il faut pourtant que l’on vous dise… qu’il y a eu des plongées moins belles que d’autres ...

A Istanbul, nous avions trouvé une place gratuite dans un port de pêcheurs où nous étions amarrés à couple de trois autres bateaux. Les premiers jours, le vent a soufflé fort et a tiré sur nos amarres qui ont arraché le taquet (déjà complètement pourri) d’un des bateaux contre lequel on s’était attaché. Naturellement, le propriétaire dudit bateau a trouvé là une occasion rêvée pour nous soutirer quelques billets en compensation de la perte de son taquet.

Jean-Luc lui a proposé d’aller le rechercher au fond de l’eau. Le propriétaire a accepté, persuadé qu’il n’était pas né celui qui retrouverait quoi que soit en apnée dans ce bouillon de culture… Il a été bien surpris lorsqu’il a vu Jean-Luc équipé pour plonger, et quelques minutes plus tard, il récupérait fair-play son « précieux » bien.


Si Jean-Luc a dû plonger au milieu des hydrocarbures et des ordures, il a néanmoins évité les méduses dont le port était infesté le lendemain.


La pêche

Quel bonheur de pêcher son poisson et quel régal de le savourer ensuite.

Il faut pourtant que l'on vous dise...que plusieurs fois nous avons eu à en découdre avec le fil de pêche. Il y a un an et demi, lors de notre premier tour de Corse avec Pythéas, nous avions réussi à le coincer pas moins de trois fois dans l'hélice du moteur. Alors cette fois-ci on s'était bien promis de ne pas commettre à nouveau cette erreur de débutants! Nous avons tenu promesse puisque nous ne l'avons pas coincé dans l'hélice, mais dans la quille. Évidemment, ça arrive quand le vent et la mer se lèvent, donc impossible de plonger pour décoincer le fil, donc impossible d'allumer le moteur, donc impossible d'aller nous mettre à l'abri à la côte. Nous avons filé au large, en attendant que la houle et le vent tombent. Finalement, Jean Luc a réussi à décoincer le fil à force de le secouer dans tous les sens et nous avons pu rejoindre la côte juste à la tombée de la nuit, non sans peine puisque le vent est tombé quelques milles avant l'arrivée, en même temps que notre génois dont la manille en tête de mât a choisi ce moment-là pour céder (encore Murphy ...).

Les pannes

Quand on prend de nos nouvelles, on nous demande souvent si tout va bien… ET …si on n'a encore rien cassé. A chaque fois, je réponds que tout va bien.

Il faut pourtant que l'on vous dise… que depuis notre départ, on a dû :

  • Réparer le coude d'échappement du circuit de refroidissement du moteur (sinon on aurait rempli le bateau d'eau),

  • Faire une vidange car il y avait de l'eau dans l'huile du moteur (sinon on n'aurait plus de moteur),

  • Changer un alternateur (sinon on n'aurait plus d'électricité),

  • Changer le lanceur du moteur de l'annexe (sinon on n'aurait jamais été sûr de pouvoir revenir au bateau quand on prenait l'annexe pour aller se balader. Ah oui! c'est d'ailleurs ce qui nous est arrivé en Corse quand on a dû traverser le port de Bonifacio à la nage pour retourner au bateau en tirant l'annexe derrière nous),

  • Modifier le système de sécurité du débit du gasoil de notre chauffage au poêle (sinon on aurait eu froid tout l'hiver et on aurait été obligé se couvrir un peu plus...).


L'entente

Quand on prend de nos nouvelles, on nous demande souvent aussi comment se passe la cohabitation à deux ? Pas de doute, la vie sur un bateau, ça cimente un couple et ça resserre les liens. Aujourd'hui, on s'aime encore plus qu'avant de partir.

Il faut pourtant que l'on vous dise... qu'au début, nous avions de nombreux désaccords sur la façon de régler des voiles, de manœuvrer, de faire avancer le bateau... Et comme monsieur et madame ont chacun leur petit caractère, les débats ont souvent été âpres (nda : nombreuses franches engueulades).


La communication

Partout (et surtout en Grèce) il est très facile de communiquer grâce à l'Anglais.

Même Jean-Luc qui n'était pas vraiment "fluent" avant notre départ fait des progrès.

Il faut pourtant que l'on vous dise... qu'une fois, alors qu'on naviguait au large des côtes de Lesbos dans une mer bien formée (force 7), Jean-Luc avait aperçu une embarcation de migrants et décidé d'en aviser les garde-côtes pour qu'ils se tiennent prêts à les secourir. Je me demandais comment Jean-Luc allait arriver à expliquer tout ça en Anglais à la VHF, mais comme il est plein de ressources et que j'étais occupée à la barre, je l'ai laissé faire... Résultat, à peine 5 minutes plus tard, nous avions un bateau des secours en mer à nos trousses, envoyé par les garde-côtes qui n'avaient rien compris au message de Jean-Luc mais qui en avaient déduit que nous étions en détresse...

That ‘s all folks !

En conclusion, pas d'acte de piraterie, pas de grosse avarie et tellement de bons moments qu'on en oublie très vite les moins bons.



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