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Le tour du Péloponnèse

Dernière mise à jour : 24 mars


Beaucoup de temps a passé depuis la publication de notre dernier article car beaucoup d'eau a coulé sous la coque de Pythéas depuis que nous vous avons laissé à Epidaure. Du 6 au 24 janvier, nous avons parcouru pas moins de 570 miles / 1055 km (soit une moyenne quotidienne de 32 miles) pour réaliser un tour quasi complet du Péloponnèse.


Les journées de navigation et les journées de tourisme se sont enchaînées à un rythme soutenu, laissant peu de temps à la rédaction de ce nouvel article. Retour sur ces 3 dernières semaines de janvier :

Nous avons quitté Epidaure (1)


après un carénage subaquatique du bateau : armés de courage, de néoprène et d'éponges rugueuses, nous avons profité de la douceur des premiers jours de l'année pour aller gratter la coque de Pythéas sous laquelle bon nombre d'algues et de petits coquillages avaient élu domicile. Malgré notre coque impeccable, nous n'avons pas battu de record de vitesse lors de notre première navigation vers Poros (2), le vent n'étant pas spécialement généreux, sauf évidemment au moment de l'accostage. Puisque maintenant on se raconte tout, il faut que l'on vous dise... que le vent soufflait de travers à plus de 25 nœuds en me repoussant du quai ce qui m'a obligée à reprendre la manœuvre plusieurs fois. J'ai même réussi au cours de l'une d'elles à abandonner sur le quai Jean-Luc qui semble n'avoir goûté que très moyennement à la cocasserie de la situation ...



Le surlendemain, nous avons quitté Poros, l'île la plus méridionale du golfe saronique, pour rejoindre l'île d'Hydra (3), le temps d'une courte navigation (15 miles) quasiment tout au moteur.



Après avoir apprécié la vue sur le port depuis les collines qui encadrent cette très jolie ville où les ânes remplacent les voitures, puis savouré un repas d'anniversaire à base de kalamari dans l'un des seul restaurant ouvert à cette saison, nous avons repris notre route vers l'île de Spetze (4). Encore une courte navigation de 15 miles, encore tout au moteur...




De Spetze, nous avons remonté le golfe d'Argolide dans lequel nous avons eu le plaisir de croiser quelques dauphins mais guère plus de vent que les jours précédents. Nous avons fait escale à Nauplie (5).


Comme c'était une des rares grandes villes que nous croisions sur notre route, nous en avons profité pour faire un bon avitaillement, remplir notre bouteille de gaz, trouver quelques pièces de rechange pour le moteur et faire fabriquer chez le soudeur une grosse "vis papillon" pour freiner notre guindeau et remplacer feue la poupée dégommée par Jean-Luc.


Une fois débarrassés de ces tâches ingrates mais non moins nécessaires, nous avons pu consacrer le reste de notre temps libre à la visite du site de Mycènes.


Pour redescendre le golfe d'Argolide, le vent était enfin revenu. Néanmoins, nous n'avons pas réussi à parcourir les quelques 60 miles qui séparent Nauplie de Monemvasia (6) avant la tombée de la nuit. Nous avons donc réalisé notre premier accostage nocturne. Par prudence, comme le vent soufflait encore une fois à plus de 20 nœuds au moment de notre arrivée, nous avons privilégié la facilité au confort dans le choix de l'emplacement pour nous amarrer. La manœuvre se fit sans heurt, contrairement à la nuit qui s'ensuivit, bercée par le rythme saccadé des flots. Quoiqu'il en soit, le lendemain matin, nous ne regrettions pas cette halte lorsque nous découvrîmes la beauté de Monemvasia, petite cité byzantine construite sur les flancs d'un rocher que l'on surnomme parfois "petit Gibraltar".





Comme un avis de force 7-8 était annoncé les jours suivants, nous n'avons pas attendu une nuit de plus et avons quitté Monemvasia dès l'après-midi pour effectuer les 72 miles jusqu'à Gythion (7), port bien protégé au fond du golfe de Laconie. Nous avions pris tellement d'avance sur l'avis de coup de vent que nous avons franchi au moteur le cap Maléas, celui-là même qui sépare la mer Égée de la mer Ionienne et qui est réputé pour son passage parfois délicat.


Dans la nuit, le vent est enfin revenu et nous a permis d'atteindre en quelques bords Gythion au petit matin.


Depuis Gythion, nous avons été visiter Mystras. Malgré la pluie, nous avons admiré les ruines de cette autre jolie cité byzantine, dont les nombreuses églises conservent encore de magnifiques peintures murales.



Cette ville est distante d'à peine 6 kilomètres de Sparte dont il ne reste malheureusement plus beaucoup de traces de son riche passé antique.


Une fois le coup de vent passé, nous espérions qu'il en restât encore un peu pour rejoindre Pylos, de l'autre côté du golfe de Messénie (golfe que nous connaissions déjà pour y avoir fait notre entrée en Grèce il y a déjà 6 mois en arrière). Cette fois encore, nous nous apprêtions à passer une nuit en mer puisqu'il nous fallait parcourir 86 miles. Au cours de cette navigation, nous avons rencontré toutes les conditions météo, et par ordre de difficulté croissant (comme la fatigue). D'abord une légère brise sous le soleil et une progression un peu à la voile et beaucoup au moteur pour franchir le cap entre le golfe de Laconie de celui de Messénie, puis à la tombée de la nuit, (enfin!) du vent au portant, jusqu'à 32 nœuds, sous des orages de pluie et de grêle accompagnés d'éclairs, de tonnerre et bien sûr d'une jolie houle. Au petit matin sous un ciel encore lourd, du vent (20-25 nœuds) grand largue tantôt tribord tantôt bâbord, et une houle telle que l'approche de la côte et de la passe étroite de Pylos devenait une utopie.


Nous avons donc prolongé notre route de 60 miles vers le Nord et ce fut du vent de travers par bâbord, puis du vent de travers par tribord avec entre les deux un délicieux moment de "flottement" durant lequel la houle ne savait plus dans quel sens faire danser Pythéas qui s'est retrouvé joyeusement ballotté d'avant en arrière, de gauche à droite, sans que nous ne puissions rien faire d'autre qu'attendre stoïquement que ça passe... Quelques miles avant l'arrivée, alors que nous croyions toucher au but, le vent a tourné une dernière fois pour souffler face à nous, nous obligeant à tirer des bords pour finir cette longue étape. Nous nous sommes amarrés à Katakolo (8), fourbus et victimes tous les deux du mal de terre lors de nos premiers pas dans la ville. A cette saison, Katakolo est une véritable ville fantôme, dont le seul intérêt est son petit train qui conduit jusqu'à Olympie.



Après la visite de ce célèbre site, nous avons fait une brève escale à Zakynthos (9), puis avons repris la route vers Itéa (10), petit port niché au Nord du golfe de Corinthe et depuis lequel on peut se rendre à Delphes. Pour cette étape de 92 miles, nous prévoyions une longue journée de navigation. C'est pourquoi nous partîmes de Zakynthos au milieu de la nuit, vers 4h du matin. Mais c'était sans compter le vent de face qui nous obligea TOUT le trajet à tirer des bords (et donc à doubler la distance), sans compter sur les garde-côtes qui nous déroutèrent pendant une bonne heure pour laisser le passage libre à un cargo (nous n'avons pas bien compris pourquoi il fallait lui laisser une telle distance de sécurité, apparemment il transportait des produits dangereux ??), sans compter sur le vent qui une fois engouffrés dans le golfe de Patras s'est mis à souffler sans répit toute la nuit jusqu'au lendemain matin entre 25 et 32 nœuds. Un vent soutenu associé à une belle houle qui nous ont obligé à rester à la barre à tour de rôle toute la journée puis toute la nuit car le pilote ne tenait pas...


Nous avons passé le pont de Rion (le plus long pont haubané après le viaduc de Millau) au petit matin, par 25-30 nœuds de vent de face. Après "d'âpres débats" sur le bon angle à adopter pour franchir le pont à la voile, nous avons renoncé à tirer des bords entre les piles et nous nous sommes résolus à nous aider du moteur, d'autant que le courant (2 noeuds) s'était invité à la fête.


Une fois le pont franchi, le vent a faibli progressivement jusqu'à nous abandonner à 15 miles de l'arrivée. N'y tenant plus, nous avons craqué et fini au moteur. Le lendemain, c'est avec bonheur que nous découvrions le site de Delphes.



Finalement, parmi tous les sites que nous avons visité, ce n'est peut-être pas celui dont nous garderons le souvenir le plus marquant, par contre, on se souviendra de la navigation qui nous y aura conduits... Notre tour du Péloponnèse touchait à sa fin, tout comme notre tour de Grèce puisque nous avions décidé de faire cap sur la Sicile, mais ça c'est une autre histoire, un autre article...

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