Comme prévu, nous avons largué les amarres samedi 8 octobre au petit matin.
Comme prévu, nous avons profité d'une tram' très favorable pour faire route directe vers les Baléares.
20 nœuds de vent bien établis nous ont accompagnés tout au long de notre route. Pour une reprise, ce fut une navigation très facile, avec le vent et la houle dans le dos, génois seul, ce qui nous a permis de retrouver nos marques tout en douceur et de vérifier que nos réparations et modifications fonctionnaient bien. Ainsi, les hublots sont redevenus complètement étanches, la nouvelle ligne de flottaison flotte légèrement au-dessus de l'eau, le dessalinisateur dessale correctement, l'enrouleur de génois enroule parfaitement, le régulateur d'allure régule (presque) comme il faut, et le safran safrane très bien.
Sur une très belle moyenne de 5,7 nœuds, nous avons parcouru au bout de 30 heures les 170 miles entre Saint-Cyprien et Ciutadella à Minorque.
Nous sommes restés deux jours dans ce joli port abrité dans une anse profonde et étroite à l'intérieur de la côte occidentale de l'île.
Repos et électricité au programme, puisque même après un check-up qu'on pensait complet, un bateau vous réserve toujours des surprises... Une des trois batteries du parc consacré au moteur, éclairages et appareils de navigation était en surchauffe et ne tenait plus la charge. Le problème repéré puis isolé, nous nous sommes séparés de cette batterie, en attendant de voir si les deux autres suffissent seules ou s'il faudra racheter un parc complet de trois batteries (gloups...).
Puis nous avons poursuivi notre route vers Majorque, où nous avons fait escale à Porto Colom.
Le prix exorbitant de la place de port nous a incités à rester au mouillage. Une mauvaise nouvelle n'arrivant jamais seule, le guindeau ne remontait plus la chaîne...
Nous avons alors décidé de nous rendre à Alicante, sur la côte espagnole, pour trouver les pièces de rechange (on pensait alors qu'il s'agissait des contacteurs) du guindeau.
Le lendemain, après une séance tonique de relevage de l'ancre, nous nous sommes remis en route vers le Continent. Un vent de Sud ainsi qu'une jolie houle nous ont conduits à contourner Ibiza par le Nord. Le long de notre route nous avons croisé plusieurs ferries et cargos dont l'un d'eux nous est passé si près que j'aurais pu voir la couleur des yeux du capitaine..., et plus tard dans la nuit au milieu du Canal d'Ibiza, nous avons essuyé un bel orage avec un vent qui s'est soudainement levé à plus de 30 nœuds, laissant place ensuite comme d'habitude à .... de la pétole! C'est donc au moteur que nous avons décidé de rejoindre le mouillage de San Antonio, sur la côte Ouest d'Ibiza, le temps de nous reposer, de nous restaurer et de reprendre les météos avant de décider de la suite du programme.
Finalement nous avons renoncé à nous rendre à Alicante, la cause de la panne du guindeau n'étant pas clairement identifiée et n'ayant plus beaucoup de temps avant de reprendre la route vers Malaga où un couple d'amis devait nous retrouver quelques jours plus tard...
Nous sommes donc restés au mouillage pendant un peu plus de deux jours au cours desquels, outre un peu de recherches sur la panne du guindeau, nous avons fait absolument RIEN, ce qui ne nous était plus arrivé depuis très très longtemps.
Nous nous sommes remis en route pour Malaga (à un peu plus de 300 miles) avec des météos qui s'annonçaient plus que prometteuses puisque nous étions supposés, comme entre la France et les Baléares, être accompagnés au portant par un vent régulier et bien établi toute la navigation.
Si nous avions oublié à quel point la Méditerranée peut être capricieuse, la suite nous a cruellement rafraîchi la mémoire.
Malgré un début poussif, les débuts de cette longue navigation furent pourtant encourageants : un léger vent arrière confortable, un premier calamar pêché à la tombée du jour, une nuit grand claire grâce à la pleine lune, puis le passage du méridien de Greenwich à plus de 5 nœuds, ...
mais au bout de 24 heures, le vent nous a abandonnés et nous avons attendu son retour, en vain, pendant les trois jours qui suivirent. Une très longue épreuve pour les nerfs à guetter le moindre signe avant-coureur de vent : une légère ondulation de l'eau, un mince tremblement de la ligne d'horizon, un petit clapot, une voile au large gonflée par le vent, des nuages porteurs de brise, le frémissement de l'éolienne, et RIEN. Ou presque rien. Pendant plus de 3 jours, l'anémomètre a oscillé entre 0 et 6 nœuds, rares risées à 7... Tantôt lorsque le vent daignait nous offrir un peu plus de 4 nœuds nous redoublions d'efforts et d'inventivité pour essayer de faire avancer le bateau à la voile et économiser le gasoil qui menaçait de s'épuiser, tantôt sur une mer désespérément d'huile nous nous résignions à allumer le moteur pour arriver à temps à Malaga...
Heureusement, il y eut quelques compensations à cette très triste et monotone météo.
Chaque jour, nous avons croisé au moins un ou deux dauphins, et même une fois un banc de globicéphales pour lesquels nous n'avons pas hésité à nous dérouter le temps de cette rencontre magique.
Et côté pêche, malgré trois touches manquées dont la résistance sur la canne laissait présager une prise extraordinaire, nous avons néanmoins mangé quelques calamars et de la daurade.
Enfin, au bout d'une traversée de 95 heures pour 360 miles qui nous parut interminable, nous sommes arrivés à Malaga où nous avons trouvé une place dans le petit port du Réal club Méditerraneo.
Le lendemain, nos amis Hélène et Thomas nous ont rejoint et nous avons passé en leur compagnie une excellente semaine à découvrir les richesses et beautés de l’Andalousie.
Ronda
Sierra Nevada
Cordoue
Séville
Grenade
À part une petite escapade en mer pour leur faire découvrir les joies de la navigation à la voile, nous nous sommes cantonnés au transport terrestre pour explorer cette région dont l'intérieur des terres est proportionnellement aussi beau que les côtes de la Costa del sol sont moches, ravagées par une bétonisation effrénée.
Toutes les bonnes choses ayant une fin, nous avons dit au revoir à nos amis puis nous sommes remis en route vers Gibraltar.
Encore une fois, la météo nous promettait un vent soutenu d'Est pour arriver à Gibraltar. Malgré la peine que nous nous sommes donné pour nous éloigner le plus des côtes et toucher du vent au large, nous avons encore essuyé de longues heures de pétole.
Ce n'est qu'à quelques miles de l'approche de Gibraltar que le vent est enfin réapparu, pour s'imposer franchement puisqu'il s'est mis progressivement à souffler à plus de 20 nœuds, rafales à 30 dans la baie de Gibraltar/Algeciras au bout de laquelle nous avons trouvé une place dans le port très agréable de Linéa de la Conception, au pied du rocher.
Après tous ces jours de pétole, la météo annonçait 40 nœuds de vent au franchissement du détroit. Nous avons donc décidé de reporter de 24 heures notre rencontre avec l'océan Atlantique et nous partirons demain, dimanche 31 octobre, après avoir refait la plein de gasoil à Gibraltar où il est fortement détaxé, en espérant ne plus avoir à nous en servir au moins jusqu’à Madère, notre prochaine destination...