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Canaries

Dernière mise à jour : 31 juil. 2019


Nous avons quitté Madère le 13 novembre 2016 pour faire cap vers les Canaries.

Sur notre route à quelques miles au Sud de Madère, nous avons croisé les « Ilhas Desertas », réserves naturelles rattachées à l'archipel de Madère, où il est interdit de mouiller sans autorisation.


Nous avions à peine franchi le passage entre deux de ces îles sauvages que le vent et la mer se sont rapidement levés, avec tant de force parfois que nous étions obligés d'abattre (nous écarter du vent) pour garder de la vitesse et épargner le bateau.

Au plus fort de cette jolie brise et d'une belle houle, le moulinet de la canne à pêche s'est brusquement dévidé, produisant le signal sonore ("bbzzzzzz")) maintenant familier qui nous avertit qu'on a une touche.

Malgré la difficulté de distinguer la prise, l'enthousiasme de Jean-Luc grandissait au fur et à mesure qu'il rembobinait le fil tant la résistance au bout de la ligne se faisait forte :

"Je ne sais pas ce que c'est mais ça tire sacrément ". Et moi de lui répondre avec la finesse d'esprit qui me caractérise: "Sûrement un poisson!" J'avais perdu là une bien belle occasion de me taire puisque quelques instants plus tard ce n'est pas un aileron que nous avons reconnu se débattant dans les vagues mais une aile...avec des plumes.


Nous venions de ferrer notre première mouette du voyage ! Alors que nous étions en train de pester et d'imaginer le carnage dans le cockpit pour essayer de le décrocher, notre "poisson volant" a bien voulu, après avoir goûté aux joies du ski nautique pendant quelques dizaines de mètres, se décrocher tout seul. La dernière fois qu'on l'a aperçue, la mouette boudeuse apprenait à faire la planche sur le dos.

Le reste de la navigation ne nous a pas réservé d'autres surprises. La houle s'étant un peu calmée, nous avons pu reprendre notre cap Est -Sud-Est au bon plein vers Lanzarote. Le vent quant à lui est resté généreux et régulier pendant quasiment tout le trajet. Ce n'est qu'à quelques miles de l'arrivée qu'il est progressivement retombé. Heureusement pour pallier à cette presque pétole nous avions désormais une arme secrète : le gennaker (très grande voile légère d'avant) que nous avions remis à poste avant de quitter Madère. Ainsi nous avons pu effectuer les 300 miles entre Machico et Arrecife sans allumer une seule fois le moteur, en 55 heures.

C'est donc par l'île la plus à l'Est de l'archipel que nous avons commencé notre découverte des Canaries. Sept îles principales composent cet archipel. Leurs paysages sont très variés, d'une île à l'autre mais aussi à l'intérieur d'une même île.

Quelques "incontournables" permettent cependant de dresser un portrait type des Canaries : des paysages volcaniques et montagneux, une végétation luxuriante retenue par de gigantesques murettes, des marais salants, des cabanes troglodytes, et des touristes allemands.

À Lanzarote, l'activité volcanique récente (18ème siècle) est à l'origine de paysages étonnants de lave fossilisée et de cendres.


Une autre particularité de l'île est la culture de la vigne à l'intérieur de larges fosses creusées dans la cendre et protégées par un petit muret de pierres (vallée de la Geria).





À Gran Canaria nous avons été séduits par la beauté des paysages de montagne, des cratères, des vallées encaissées, et des routes en lacets. La beauté de ces paysages contraste avec la laideur de la capitale de l’île, Las Palmas, une des 10 plus grandes villes d’Espagne, vibrante et bruyante, tout en béton et en grandes avenues.


De Ténérife, nous retiendrons principalement le souvenir de la chaîne de pics montagneux qui encadrent la capitale (également très bétonnée) Santa Cruz.


Nous ne sommes restés sur cette île que le temps d’une escale technique, craignant une fréquentation touristique encore plus importante que sur les autres îles. Nous nous serons contentés d’admirer le mont Teide depuis la mer.


De La Palma, nous retiendrons ses paysages très verts, ses randonnées, sa douceur de vivre, le cadre enchanteur du port de Tazacorte. Cette île semble restée hors du temps et préservée du tourisme (sauf des allemands et des hippies).





Les eaux poissonneuses des Canaries nous ont également assuré quelques très bons repas (excepté la mouette) grâce à la pêche d'un très beau calamar d'1,5 kg (qui aurait même pu devenir une pêche miraculeuse si un deuxième calamar au moins aussi gros ne nous avait pas échappé d'un poil de tentacule à peine quelques minutes plus tard...) de belles daurades coryphenes et de plusieurs bonites (l'équivalent de thons au ventre rayé, de taille plus petite bien que parfaitement adaptée à celle du four...)



Les Canaries sont aussi pour de nombreux navigateurs la dernière escale où il est encore possible de réaliser des réparations techniques et trouver des pièces avant de traverser l’Atlantique..

Comme évoqué dans un précédent article, malgré le check-up complet réalisé sur Pythéas cet été, nous avions identifié quelques problèmes de batterie et de guindeau aux Baléares. Auxquels s'était depuis rajouté la nécessité de refaire des pièces pour le régulateur d'allure (clavette inox et tube pvc).

Trouver, réparer, faire fabriquer une pièce, quand on est à l'étranger peut vite ressembler à une grande chasse au trésor mélangée à un jeu de l'oie (une sorte de « chasse à l’oie »). En fonction des cases sur lesquelles on tombe, on atteint son but plus ou moins vite. La partie peut se jouer en plusieurs heures ou plusieurs jours, tout dépend de son degré de chance et de débrouillardise. Entre deux visites touristiques, nous avons beaucoup pratiqué cette "chasse à l'oie":

À Lanzarote nous avons racheté de nouvelles batteries (grâce auxquelles notre propulseur d'étrave remarche !!!!) et fait fabriquer les pièces pour le régulateur.

A Gran Canaria nous avons fait réparer le guindeau (motivés par notre arrivée au mouillage au cours de laquelle le bateau voisin anglais a attendu que nous ayons lâché 30 mètres de chaîne pour nous prévenir que nous étions sur son ancre)

A Ténérife, nous avons racheté une annexe pour remplacer celle quasi neuve que nous avions perdue pendant la nuit après que les crochets qui la retenaient à la traîne aient cédé (je ne m’étends pas davantage sur cette « fortune de mer » dont le souvenir est encore amer…)

A La Palma, nous avons trouvé un soudeur pour renforcer la fixation du régulateur d’allure et réduire ses vibrations.


Alors que nous nous apprêtions à aller passer quelques jours sur l’ile de la Gomera, de mauvaises nouvelles (matérielles) nous ont précipitamment fait rentrer une dizaine de jours en France.

A nouveau, des soucis liés à la politique de lutte contre la cabanisation ont refait surface alors qu’on les croyait enfouis depuis longtemps. Il était plus sage de rentrer régler la situation avant de partir à l’autre bout du monde. Courageusement, nous avons remis chaussettes, écharpes et bonnets pour retrouver sans beaucoup d’enthousiasme le froid, les aéroports, la foule, les contrôles aux frontières, la civilisation… Heureusement, ce retour forcé fut adouci par l’incroyable accueil et soutien qu’Yves nous a si généreusement et spontanément offerts - qu'il en soit remercié ici - et par le plaisir de revoir même brièvement famille et amis.


De retour à La Palma, nous sommes maintenant sur le point, le cœur et l’esprit légers, de hisser les voiles vers le Cap Vert. Au programme, notre premier réveillon de Noël en mer ! Espérons qu’il y ait du poisson au menu…

Pour les navigateurs, plus d'infos sur nos escales au port ou au mouillage dans la rubrique parcours_ports & mouilllages (http://levoyagedepytheas.wixsite.com/2015/ports-mouillages-atlantique-nord) du site

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