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Argentine - Chili - Patagonie - PRATIQUE

Dernière mise à jour : 6 mars

Nous partageons dans cet article des informations pratiques qui pourraient aider d'autres plaisanciers à préparer leur voyage vers l'Argentine, le Chili et la Patagonie.

Nous avons voyagé dans ces contrées à bord de notre voilier français de 11,84 m / 39 pieds de long, 1,90 m de tirant d’eau, entre octobre 2022 et mars 2023.


ARGENTINE


FORMALITÉS


Les formalités administratives en Argentine ont la réputation d’être très lourdes et chronophages.

De notre point de vue, ces formalités sont légèrement plus contraignantes que la moyenne mais pas aussi terribles que ce que nous redoutions.


Entrée

Nous avons fait notre entrée en Argentine en octobre 2022 sur la commune de San Fernando (Banlieue Nord de Buenos Aires) où était situé le Club de Veleros de Barlovento qui nous accueillait. La marina qui vous reçoit doit vous délivrer une attestation d’ «amarrage de courtoisie » avec laquelle vous vous rendrez :

  1. A l’immigration : Visa gratuit de 3 mois

  2. Aux douanes : Admission temporaire du bateau gratuite de 3 mois

  3. A la Préfecture maritime : Délivrance d’un « Despacho» d’entrée

  4. Aux douanes qui ont besoin d’une copie du Despacho remis par la préfecture Maritime

Prévoir des photocopies de l’acte de francisation du bateau, de vos permis hauturiers, de vos passeports, … peut aider à accélérer les choses.


Puis à chaque fois que vous quitterez un port argentin pour un autre, vous devez imprimer et remplir en 3 exemplaires un Despacho de sortie que vous devez faire tamponner à la Préfecture Maritime de départ puis un Despacho d’entrée que vous devez faire tamponner à la Préfecture Maritime d’arrivée.


Sortie

Quand vous quittez définitivement le territoire argentin, vous devez vous rendre :

  1. A l’Immigration

  2. Aux douanes

  3. A la Préfecture maritime

Toutes les formalités sont gratuites.


Entre octobre 2022 et décembre 2023, nous n’avons eu aucune demande d’attestation de vaccination contre le COVID.


ARGENT


En raison de la situation économique désastreuse de l’Argentine, il existe de nombreuses monnaies parallèles au pesos Argentin officiel.

Pour résumer de manière très simpliste la situation, comme la monnaie officielle ne cesse de dévaluer, les Argentins utilisent le dollar US comme valeur refuge en changeant (de manière clandestine) dès qu’ils en ont leurs économies en dollars. Ils préfèrent changer leurs pesos en dollars US à un taux largement défavorable pour eux, plutôt que de risquer de voir leurs pesos perdre toute valeur du jour au lendemain.

Ce cours « défavorable » pour eux mais extrêmement favorable pour un européen est celui du « dollar bleu » ou « euro bleu »

Ainsi en octobre 2022, au cours officiel 1 dollar US valait environ 150 pesos alors qu’au cours du « dollar bleu » 1 dollar US valait 300 pesos…

4 mois plus tard, en février 2023, au cours officiel 1 dollar US valait 200 pesos environ alors qu’au cours du « dollar bleu » 1 dollar US valait 400 pesos…


Quand vous venez en Argentine, il ne faut donc rien payer ou rien retirer avec votre carte bancaire (vous aurez de nombreux frais et aurez des pesos au cours officiel) mais il faut prévoir une quantité importante de cash en dollars ou en euros que vous changerez dans des officines plus ou moins officielles, ou directement dans la rue auprès « d’agents de change » qui ne manqueront pas de vous solliciter particulièrement dans les zones touristiques, ou même auprès d’Argentins avec qui vous lierez connaissance et qui seront souvent intéressés par du change.

Il existe une autre solution plus « traditionnelle » si vous n’avez pas prévu de cash ou que vous ne trouvez pas d’endroit pour changer des dollars bleus : vous envoyer de l’argent par Western Union et le récupérer auprès d’une agence locale qui applique (de manière très surprenante) un taux de change quasi identique à celui du dollar ou de l’euro bleu !


PORTS / MARINAS / MOUILLAGES


Buenos Aires

L’arrivée à Buenos Aires a été un peu chaotique …

Nous avions réservé à l’avance une place pour 1 mois au Club de Veleros de Barlovento, sur le Rio Lujan à une quinzaine de miles au Nord de Buenos Aires. Mais nous espérions trouver une place en centre ville pour les 2-3 premiers jours de notre séjour soit au Yacht Club Argentina (YCA) soit au Puerto Madero.


  • YCA

Nous avions eu un échange préalable par mail avec le YCA dans lequel on nous informait que les 2 premiers jours étaient offerts puis que le tarif serait de 3,50 $ US / pied / jour. Pour réserver une place à l’avance, les choses paraissaient plus compliquées car nous arrivions au moment d’une semaine de régates.

Nous nous sommes (naïvement) dit que nous trouverions une solution une fois sur place.

En arrivant devant le YCA, nous nous sommes retrouvés devant une barrière qui empêche tout bateau de pénétrer à l’intérieur sans avoir réussi au préalable à rentrer en contact via VHF. Et malgré nos nombreux ronds dans l’eau, nos grands signes à un dinghy qui raccompagnait des optimists, et nos multiples appels à la VHF sur le canal 16 puis sur leur canal 78 (canal qui n’était pas programmé sur notre radio VHF française, il a fallu que l’on s’en fasse prêter une, en vain…), personne ne nous a jamais répondu.


  • PUERTO MADERO

Nous avons donc tenté notre chance auprès du Puerto Madero.

A nouveau, nous n’avons reçu aucune réponse à la VHF. Peut-être parce que nous sommes arrivés au moment où le pont tournait et où d’autres voiliers rentraient dans la marina, un marinero est venu à notre rencontre sur son petit bateau. Il a pris les infos concernant notre bateau et est revenu pour nous annoncer le prix : plus de 10000 pesos / nuit soit environ 300 $ US… (octobre 2022)


Nous avons décliné l’offre si généreuse et avons décidé de nous rabattre sur notre plan B : le Club de Veleros de Barlovento.


  • CLUB DE VELEROS DE BARLOVENTO (CVB)

En raison de notre tirant d’eau (1,90 m), nous sommes passés par le Rio Parana de las Palmas dans lequel nous avons jeté l’ancre pour la nuit (34:17.778 S 058:31.355 W) puis par le Canal Honda.



Après de nouvelles difficultés pour contacter le CVB par VHF, nous avons fini par réussir à nous faire attribuer une place le long de leur ponton flottant (les autres places sont disposées autour de terre-plein) où nous avons passé un excellent séjour pendant un peu plus de 3 semaines.

Pour notre voilier de 11,84 m / 39 pieds, nous avons payé 350 US $ par mois.


Club de Veleros de Barlovento

Voici les adresses mail que nous avons utilisées pour contacter le CVB :

Nautica@barlovento.org

Administracion@barlovento.org

Diegosebavillar@gmail.com


De notre expérience à Buenos Aires, nous retenons que les places d’amarrage disponibles (et abordables) sont rares et qu’il ne faut pas hésiter à contacter assez tôt les différentes marinas car trouver une solution une fois sur place peut s’avérer compliqué. Mais les Argentins sont des gens si gentils qu’il est fort probable que vous tombiez rapidement sur des personnes qui voudront vous aider spontanément, comme ce fut notre cas.


Mar del Plata

Après avoir attendu les instructions sur une bouée d’attente à l’extérieur du port (bouée qui peut être fort utile pour un atterrissage de nuit : 38:02.561 S 057:32.193 W), nous nous sommes amarrés au Club Nautico de Mar del Plata, sur un ponton à l’extérieur du bassin : 38:02.517 S 057:32.135 W

Nous avons bénéficié de 2 jours de courtoisie et avons payé 12600 pesos pour 3 jours (soit environ 14 €/ jour au taux de « l’euro bleu »)


Notre contact :

Gustave Ramos, capitaine du Club Nautico

whatsapp : +5492235463326

Ponton du Club Nautico de Mar del Plata


Nous avons trouvé nos aussières en bout flottant à Mar del Plata, chez "MOSCUZZA, Artes de Pesca " : moscuzza@josemoscuzza.com

Nous avons acheté 2 bobines de 240 m chacune, en polysteel de 18 mm. Nous les avons payées 165387 pesos argentins soit 1,20 €/ mètre.

Bobine de 240 m de polysteel (bout flottant) achetée à Moscuzza


Ushuaïa

Après de nombreux ronds dans l’eau et des appels infructueux à la VHF devant le Club Nautico Ushuaïa et le club AFASyN, c’est finalement Uka le marinero du Club Nautico Ushuaïa qui nous a fait le premier signe de venir nous amarrer à son ponton.

Des deux clubs d’Ushuaïa, c’est le plus proche du centre ville. 54:48.645 S 068:18.724 W Nous y avons trouvé un excellent accueil et une ambiance chaleureuse.

C’est également très économique puisque nous avons payé pour 1 semaine seulement 22 $US.


Ponton du Club Nautico d'Ushuaïa



Feuille de route en ARGENTINE :

Buenos Aires, Club Veleros de Barlovento (11/10-08/11/22); Mar del Plata, Club Nautico Mar del Plata (10-15/11); Bahia de los Nodales 47:57.200 S 065:51.255 W (22-24/11); Passage du détroit de Lemaire (28/11); Bahia Cambaceres (extérieur) 54:52.909 S 067:16.588 W (29-20/11); Punta Almanza 54:52.231 S 067:33.528 W (30/11-01/12); Ushuaïa, club Nautico Ushuaïa (01-08/12);



CHILI



FORMALITÉS


Entrée

Nous avons fait notre entrée au Chili en décembre 2022 à Puerto Williams.

Les autorités sanitaires sont venues à notre rencontre au Yacht club Micalvi pour un contrôle phytosanitaire uniquement à l'oral (pas d’inspection du bateau). On nous a demandé de présenter notre justificatif de vaccination Covid, mais de matière très informelle aussi…(Lors de nos futurs déplacements en bus entre Argentine et Chili, on nous redemandera également pour rentrer au Chili un justificatif de 2 doses de vaccination COVID)


Puis nous nous sommes rendus :

  1. A l’immigration : Visa gratuit de 3 mois (que nous avons renouvelé plus tard pour un nouveau visa gratuit de 3 mois en faisant un aller-retour en bus en Argentine)

  2. Aux douanes : Admission temporaire du bateau gratuite de 12 mois

  3. A l’Armada auprès de laquelle nous nous sommes acquittés d’une taxe pour l’entretien des phares et balises de 30$ US (peut-être proportionnelle aux nombres de passagers à bord du voilier ? nous étions 3)


Avant de repartir de Puerto Williams nous nous sommes représentés à l’Armada pour obtenir notre Zarpe (= autorisation de navigation dans une zone déterminée) jusqu’à Puerto Montt.

Le Zarpe délivré pour les canaux de Patagonie mentionne les instructions de route (canaux autorisés) et les instructions de communication (informer 2 fois par jour de sa position, ce que nous avons fait par mail avec notre téléphone satellitaire).

Il n’y a donc pas besoin au préalable de fournir une feuille de route prévisionnelle ou même une liste du matériel de sécurité ou des stocks de nourriture, etc…

Aucun contrôle n’a été réalisé sur les équipements du bateau. On nous a simplement demandé quelle était notre autonomie en carburant, eau et nourriture.


Lorsque vous arrivez dans un nouveau port, il faut vous signaler par VHF à l’Armada.


Lorsque vous voulez naviguer dans une nouvelle zone chilienne qui n’est pas couverte par votre précédent Zarpe, il faut vous déplacer à l’Armada avant de partir pour faire établir un nouveau Zarpe avec votre nouvelle destination.


Sortie

(nous ne l’avons pas encore faite au moment de la publication de cet article)


ARGENT


Il n’existe pas du tout le même type de problème pour utiliser sa carte bancaire ou retirer de l’argent au Chili qu’en Argentine.

Nous avons utilisé partout et sans difficulté notre Mastercard.

Pas besoin par conséquent de prévoir une importante quantité de cash comme en Argentine.

Sachez néanmoins que le coût de la vie au Chili est beaucoup plus élevé que dans tous les autres pays d’Amérique latine que nous avions traversé jusqu’alors (Brésil - Argentine - Uruguay).


PORTS / MARINAS / MOUILLAGES


Puerto Williams

Nous nous sommes amarrés au « ponton » du Micalvi, à couple de 4 ou 5 autres voiliers : 54:56.110 S 067:37.127 W

Nous sommes restés 3 jours et n’avons rien payé.


Ponton du Micalvi


Puerto Aguirre

Nous nous sommes amarrés au ponton de la petite "Marina Austral", et avons reçu un excellent accueil de son gérant Jaime.

Voici son contact :

Jaime Corvalan K.

www.marinaaustral.com

Contacto@marinaaustral.com

Nous avons payé 24000 pesos par jour (27€/ jour)


Puerto Montt

Nous avons jeté l’ancre dans le canal Tenglo à la position 41:29.955 S 72:58.912 W. Nous y sommes restés une semaine environ et débarquions avec l’annexe le long d’une rampe qui longe à l’Ouest le chantier de la marina Reloncavi.


Valdivia

Nous nous sommes amarrés au Club de Yates de Valdivia, le long d’un ponton à l’extérieur du bassin trop exigü pour nous permettre de rentrer et surtout de manœuvrer.

Notre contact :

Jorge E. Bravo Rodriguez

+569-81589502

administrador@cyv.cl

Tarifs : 75000 pesos chiliens soit 92 US $ par semaine

235 000 pesos chiliens soit 290 US $ par mois


Coquimbo

Nous avons jeté l’ancre dans la baie de la Herradura : 29:58.850 S 071:21.642 W mais il y a aussi des bouées disponibles.

Nous débarquions en annexe au ponton du Club de Yates.

Contact pour une bouée d’amarrage :

Anita Marambio

+56997641565


LES CANAUX DE PATAGONIE


PRÉPARATIFS DU BATEAU


Le froid


  • CHAUFFAGE : Notre bateau est équipé d’un poêle Taylor, alimenté par du diesel. Nous nous sommes assurés d’avoir les pièces de rechange importantes en cas de panne pour pouvoir toujours compter sur lui.


Poêle Taylor


  • Pour se protéger du froid qui vient des fonds non isolés, nous avons disposé sur le plancher des dalles en mousse de 1 cm d’épaisseur (type tapis de gymnastique) achetées sur internet.



  • CONDENSATION : Pour éviter la condensation que provoque la différence de température entre le froid à l’extérieur et la chaleur du poêle à l’intérieur nous avons isolé tous nos hublots à l’aide de plaques en plexiglas de 3 mm d’épaisseur fixées au Sika.



Dans les cabines, pour éviter la condensation et garantir une circulation de l’air entre les matelas et le fond du lit, nous avons fabriqué des sommiers en bois.



Cependant, comme notre coque est métallique nous soupçonnons qu’elle soit plus conductrice et provoque plus d’échanges thermiques et donc plus de condensation qu’une coque en « plastique » ou en bois. Si nous avons pu éviter la condensation au-dessus de la ligne de flottaison (partout où la coque et le pont sont isolés) tous les fonds et les placards en contact avec la coque « nue » ont beaucoup condensé. Nous écopions régulièrement de l’eau de condensation dans les fonds, et tous nos placards sous la ligne de flottaison se sont couverts de traces de moisi…


AUTONOMIE


Carburant


Notre bateau en acier mesure 12 m de long et pèse une quinzaine de tonnes. Il est équipé d’un moteur Nanni Diesel de 50 cv qui consomme environ 2,3 l/h à 1600 tr/min, pour une vitesse moyenne par mer plate de 4,6 nœuds.

Nous avons fait le plein à Puerto Williams (Chili) même si le carburant y était beaucoup plus cher qu’à Ushuaïa (li coûtait 1373 pesos chiliens le litre soit 1,56 euros le litre en décembre 2022 à Puerto Williams) car nous avions lu dans notre guide que la qualité du gasoil à Ushuaïa n’était pas bonne. Pourtant nous avons eu par la suite différents sons de cloche sur ce point : à Ushuaïa, la combine consisterait à acheter du gasoil « européen » (bleu, pas possible de se tromper ou de se faire avoir) de meilleure qualité, un peu plus cher que le gasoil « normal » mais toujours bien moins cher qu’au Chili.


Nous sommes partis de Puerto Williams avec 670 litres de gasoil. Nous avons essayé d’avancer à la voile chaque fois qu’on le pouvait.

Le premier poste de ravitaillement en carburant que nous avons croisé sur notre route se situait à Puerto Edén, à peu près à mi-chemin entre Puerto Williams et Puerto Montt. Du 12 décembre 2022 au 16 janvier 2023, nous avons parcouru entre Puerto Williams et Puerto Éden 900 miles pour 600 mn en route directe, fait tourner le moteur 105 h et consommé 250 litres qui incluent la consommation de notre chauffage, un poêle Taylor au gasoil.

Finalement nous n’avons pas acheté de gasoil à Puerto Éden car il était beaucoup plus cher qu’ailleurs (1950 pesos/L) et car on nous avait mis en garde sur le fait qu’on puisse trouver à Puerto Éden du gasoil qui contient beaucoup d’eau.


Nous avons acheté 100 L de gasoil à la marina de Puerto Aguirre (1300 pesos/L).


Du 12 décembre 2022 au 8 février 2023, nous avons parcouru entre Puerto Williams et Puerto Montt 1700 miles pour 1200 mn en route directe, fait tourner le moteur 184h et consommé 430 litres de gasoil.


GAZ



Nous avions une bouteille de butane de 13 kg. Elle nous a duré 2 mois, en utilisant tous les 3-4 jours le four pour faire du pain et assez souvent des gâteaux.

Nous ne l’avons pas testée mais il y avait une station de remplissage à Puerto Williams.

A Puerto Aguirre, un dépôt vendait des bouteilles de gaz de différentes tailles (pas testé non plus).


AVITAILLEMENT


Nous avions commencé à faire le plein de victuailles longtemps avant d’arriver en Patagonie. Nous avons acheté une grosse partie du stock à Buenos Aires où le choix et les prix étaient extrêmement intéressants (voir l’explication sur le dollar bleu). Nous avons fini de compléter cet avitaillement avec du frais à Ushuaïa où l’on trouve également un large choix à des tarifs intéressants.

Le choix et les prix sont nettement moins avantageux à Puerto Williams.


5 semaines après avoir quitté Puerto Williams, nous avons retrouvé la civilisation pour la première fois à Puerto Éden. 2 bateaux approvisionnent 2 fois par semaines les 5-6 épiceries qui s’y trouvent. Par chance, nous y sommes arrivés le lendemain du passage d’un de ces bateaux et avons trouvé pas mal de choix pour refaire un petit avitaillement : patates, fruits, légumes, vin (bouteilles d’1,5 L ou en briques...), bières, poivre, jus de citron en bouteille, fromage !!! (et du bon !!! Cherchez le « Queso del Campo »), le tout à des prix pas si délirants. Vous pouvez aussi y trouver du sec : riz, pâtes, pois chiches, sucre, thé, maté, et quelques boîtes de conserves.

Ce que nous n’avons pas trouvé au moment de notre passage : œufs, farine, cacahuètes, citrons.

D’après notre guide, il est possible de passer une commande à l’avance ou sur place si vous avez le temps d’attendre le bateau suivant.

Passé le Golfe de Penas, nous avons rallié Puerto Aguirre et y avons trouvé de nombreuses épiceries avec davantage de choix qu’à Puerto Éden.


EAU


Nous avons à bord une capacité de réserve d’eau de 350 L (250 L dans une cuve intérieure + 5 bidons de 20 L sur le pont), un dessalinisateur et un récupérateur d’eau de pluie. Nous avons utilisé notre dessalinisateur dans les canaux quand nous avancions au moteur, notre récupérateur d’eau de pluie quand nous étions à l’escale et profité d’innombrables cascades pour refaire le plein à l’aide de nos bidons.

Nous filtrons via un filtre céramique l’eau que nous consommons.

L’approvisionnement en eau dans ces contrées humides n’a jamais représenté de difficulté.


MÉTÉO



Températures / Précipitations


Du 2 décembre 2022 au 8 janvier 2023, nous avons eu entre Ushuaia et la fin du détroit de Magellan des températures assez fraîches mais jamais négatives bien qu’il nous soit arrivé une fois ou deux de nous retrouver sous quelques faibles averses de neige ou de grêle. Du 8 janvier au 8 février 2023, entre le canal Smyth et Puerto Montt, les températures se sont progressivement améliorées, nous avons de moins en moins utilisé le poêle à bord, mais il pleuvait assez régulièrement.

Vent / Pressions


Voilà quelques conseils recueillis auprès de skippers professionnels qui connaissent la région :

Les zones de hautes pressions se situent au-dessus de 1003 hp.

Les zones de basses pressions se situent en-dessous de 1003 hp.

Les météos seraient fiables jusqu’à 24 h lorsque les pressions sont hautes.

Les météos seraient fiables jusqu’à 1 semaine lorsque les pressions sont basses.


Il faut se méfier des williwaws qui peuvent souffler jusqu’à 80 noeuds.


D’une manière générale Il faut s’attendre à de nombreux effets de site qui perturbent et modifient très vite l’orientation et la force du vent.


Lorsque que l’on consulte les gribs il faut regarder les rafales annoncées et les considérer comme vent établi. Également, il faut regarder ce qu’il se passe au Sud et au Nord et en déduire ce qu’il peut se passer dans les canaux.


GFS vs ECMWF :

D’après notre (brève) expérience, le GFS indiquait souvent une bulle de pétole autour du canal Beagle alors qu’elle n’existait pas.

Le ECMWF était souvent plus généreux ou pessimiste selon les points de vue et nous a paru plus proche de la réalité.



NAVIGATIONS



En été, nous avons rencontré des vents dominants de secteur Ouest à Nord-Ouest voire Nord. Ils suivent la plupart du temps l’orientation des canaux et influencent la direction et la force du courant.

La remontée des canaux depuis Puerto Wiliams vers Puerto Montt se fait contre vents et contre courants.

Quand le vent est maniable, on tire des bords au près serré, avec des angles de virement souvent désespérément réduits à cause du courant contraire. Quand le vent est trop faible on en profite pour avancer en route directe au moteur. Quand le vent est trop fort, on attend au mouillage parfois une semaine.

La partie la plus difficile que nous ayons rencontrée a été la remontée du détroit de Magellan entre la sortie du canal Ackwalisnan et l’île Tamar. Pendant plus de deux semaines (entre le 25 décembre 2022 et le 8 janvier 2023) nous n’avons pu naviguer que 3 jours, dans des conditions musclées et sommes restés à l’abri le reste du temps pour laisser passer du vent d’Ouest de 30 à 55 nœuds.


Nous avons également rencontré des difficultés entre la baie Anna Pink et Puerto Aguirre pour remonter le canal Errazuriz ou le canal Costa. Nous y avons rencontré une houle importante par vent frais de Nord (25-30 nœuds), et des courants forts notamment un courant de jusant établi dès le début de la marée descendante (coefficient 100) au croisement du canal Costa, du paso Très Cruces et de l’Estero Quitalcro (à la position 45:46.794 S 073:35.335 W).

La route aurait sans doute plus été plus facile sur ce tronçon en ralliant directement le Canal Darwin après avoir traversé le golfe de Penas.


AMARRAGE DANS LES CALETAS



Nous étions 3 équipiers à bord.

Nous avions 4 x 110 m de bouts flottants de polypropylène de 18 mm (achetés à Mar del Plata) stockés dans des sacs à gravats à poste à l’arrière du cockpit et au niveau des balcons au pied de mât.



Nous avons une ancre type Delta de 20 kg avec 100 m de chaîne, maillons 10 mm.

La plupart du temps, on s’amarre cul au vent, à l’ancre avec 2 amarres portées à terre, rarement 3, presque jamais 4. Souvent il y a très peu de vent une fois à l’intérieur de la caleta ce qui laisse le temps de bien se préparer.

Voici la routine que nous utilisions:

  1. S’approcher, repérer les fonds, décider de l’endroit où on voudra attacher les bouts à terre et l’endroit où on jettera l’ancre.

  2. Préparer l’annexe en la mettant déjà à l’eau ou en faisant en sorte qu’elle soit prête à être mise à l’eau rapidement une fois l’ancré larguée. Nous utilisions un kayak gonflable Itiwit de Décathlon, léger et maniable.

  3. L’équipier 1 manœuvre à la barre en marche arrière vers le rivage.

  4. L’équiper 2 s’occupe de larguer l’ancre.

  5. L’équipier 3 est prêt à monter dans le kayak pour porter le premier bout (côté au vent) à terre. L’équipier 3 portait une combinaison de voile étanche ce qui lui permettait de débarquer à peu près partout rapidement sans risquer de se remplir les bottes d’eau. Le kayak est attaché à l’équipier 3 par un bout suffisamment long pour qu’il puisse porter rapidement son amarre à un arbre sans avoir à attacher le kayak ou le mettre au sec si ce n’est pas possible.

  6. Si il y a plus de vent ou que l’accès pour porter les amarres à terre est plus difficile, l’équipier 3 part avec un sac de bout à terre avant la manœuvre d’amarrage et uniquement quand le premier bout est accroché à terre et l’équipier 3 prêt à le ramener au bateau, l’équipier 1 et 2 commencent à reculer puis larguent l’ancre. Ainsi, le premier bout est accroché au bateau quelques secondes seulement après la fin de la marche arrière.


Nous avons toujours accroché nos bouts à terre sur des arbres, parfois sur des bouts laissés à poste par des pêcheurs, jamais sur des rochers.


Une fois passé Puerto Éden, les mouillages à l’ancre uniquement étaient de plus en plus nombreux vers le Nord.




Nos caletas préférées

  • Caleta Playa Parda, île Riesco, 53:18.407 S 073:00.181 W. Nous y sommes restés 4 jours et 5 nuits, à l’ancre (90 m de chaîne pour 11 m de fond, vase) pour nous abriter d’un coup de vent d’Ouest de 35 à 55 nœuds. Nous avons reçu de fortes rafales qui venaient des 4 coins de la baie mais nous n’avons jamais dérapé. Le cadre est très beau et il y a la possibilité de remplir des bidons d’eau à une cascade.


Caleta Playa Parda, île Riesco


  • Caleta Uriarte, île Desolacion, 53:03.827 S 073:48.034 W. Nous y sommes restés 3 jours et 4 nuits, à l’ancre avec deux amarres à terre. Le vent a soufflé très fort de Nord-Ouest (rafales 50 nœuds), levant des panaches de fumée impressionnants dans la baie mais nous étions parfaitement abrités dans notre petit trou de souris.

Les caletas moins appréciées

  • Caleta Sur dans le bras Ouest du Seno Pia 54:48.552 S 069:42.326 W : nous avons renoncé à nous y arrêter par vent de Nord car nous avons trouvé que les 2 options de mouillage indiquées dans le guide étaient très exposées tant au vent (rafales de plus de 30 nœuds) qu’au clapot.

  • Caleta Brecknock 54:32.682 S 071:54.617 W : malgré un cadre magnifique, nous avons du quitter la caleta précipitamment au petit matin car un vent de Nord-Est se levait et nous poussait vers la rive Sud de l’anse. Si nous nous étions amarrés plus au fond de l’anse nous aurions pu sécuriser le mouillage en amarrant un bout à l’avant et éviter ce désagrément.


OUTILS CARTOGRAPHIQUES


  • Guide papier : Nous avons utilisé la traduction anglaise du guide italien considéré par beaucoup comme la « bible » de la région : "Patagonia & Tierra del Fuego", Mariolina Rolfo et Giorgio Ardrizzi, Nutrimenti Mare. Ce guide nous a effectivement été d’une grande utilité . Nous l’avons utilisé pour préparer notre voyage puis tous les jours, pour choisir nos mouillages et notre itinéraire dans les canaux.

  • Cartographie électronique : Nous avons utilisé ISailor sur Ipad. Nous n’avons constaté presque aucun décalage avec la réalité si ce n’est la position de certains mouillages où nous nous retrouvions à la terre d’après la carte. Mais le guide papier fournit des positions GPS pour chacun des mouillages décrits et des croquis très précis qui permettent de dissiper tout doute sur la direction à prendre au moment d’arriver au mouillage.



Feuille de route dans les CANAUX DE PATAGONIE :


Canal Beagle : (1) Puerto Williams, Micalvi, île Navarino (8-12/12/22); (2) Puerto Borracho, île Hoste, 54:56.800 S 068:40.873 W (12-14/12); Brazo Noroeste : (3) Caleta Olla, île de Terre de Feu, 54:56.393 S 069:09.374 W (14-15/12); (4) Caleta Beaulieu, île de Terre de Feu, 54:47.788 S 069:37.755 W (15-16/12); Paso Darwin : (5) Caleta Alakush, île Chair, 54:53. 991 S 070:00.772 W (16-18/12); Canal O’Brien : (6) Caleta Emilita, île O’Brien, 54:52.965 S 070:22.900 W (18-19/12); Canal Ballenero : (7) Caleta Isla del Medio 54:48.998 S 070:57.261 W (19-20/12); Canal Brecknock : (8) Caleta Brecknock 54:32.682 S 071:54.617 W (20-21/12); Canal Cockburn : (9) Caleta Cluedo 54:15.936 S 071:46.852 W (21-22/12); Canal Ackwalisnan; Détroit de Magellan : (10) Caleta Hidden, île Capitan Aracena, 53:57.059 S 071:36.090 W (22-23/12);


Détroit de Magellan : (10) Caleta Hidden, île Capitan Aracena, 53:57.059 S 071:36.090 W (22-23/12); (11) Bahía Mussel, île Carlos, 53:36.806 S 072:19.061 W (24-30/12); (12) Caleta Playa Parda, île Riesco, 53:18.407 S 073:00.181 W (31/12/22-04/01/23); (13) Caleta Uriarte, île Desolacion, 53:03.827 S 073:48.034 W (04/01-08/01);


(13) Caleta Uriarte, île Desolacion, 53:03.827 S 073:48.034 W (04/01-08/01); Canal Smyth : (14) Puerto Profundo, île Manuel Rodriguez, 52:41.574 S 073:45.769 W (08/01-09/01); (15) Caleta Dixon, île Newton, 51:56.448 S 073:42.294 W (09/01-10/01); Canal Sarmiento : (16) Caleta Damien, île Vancouver, 51:18.430 S 074:08.624 W (10/01-11/01); Canal Inocentes : (17) Caleta Paroquet, île Chatham, 50:39.166 S 074:33.005 W (11/01-13/01); Canal Conception; Canal Wide; Fjord Eyre : (18) Caleta Sally, 49:13.516 S 074:05.489 W (14/01-15/01); Canal Grappler : (19) Caleta Piemonte, 49:24.463 S 074:21.788 W (15/01-16/01); Paso del Indio : (20) Puerto Éden, île Wellington, 49:07.639 S 074:24.743 W (16/01-18/01); Canal Messier; Golfe de Penas;


Golfe de Penas; Bahia Ana Pink : (21) Caleta Canaveral, péninsule de Taitao, 45:53.163 S 074:50.070 W (20/01-21/01); Canal Abandonados : (22) Caleta Mariuccia, île Prieto, 45:48.056 S 074:23.236 W (21/01-22/01); Canal Chacabuco : (23) Caleta Jacqueline, île Humos, 45:43.863 S 073:57.453 W (22/01-23/01); Paso Tres Cruces; Canal Costa : (24) Caleta Punta Lynch, 45:46.536 S 073:33.589 W (23/01-24/01); (25) Caleta Vidal, 45:15.815 S 073:25.896 W (24/01-25/01); (26) Puerto Aguirre, île Las Huichas, Marina Australe, 45:09.911 S 073:31.261 W (25/01-27/01); Canal Moraleda; Canal Perez Sur : (27) Caleta Madina, île Transito, 44:49.263 S 073:42.704 W (27/01-28/01); Canal Perez Norte : (28) Caleta Marina y refugio, île Jechica 44:25.091 S 073:51.663 W (28/01-30/01); (29) Caleta Boca Chica, 43:49.970 S 073:46.879 W (30/01-31/01); Boca del Guafo ; Golfe de Corcovado; Île de Chiloé : (30) Puerto Queilen, 42:53.211 S 073:28.804 W (31/01-01/02); (31) Castro, 42:28.748 S 073:45.489 W (01/02-03/02); (32) Estero Pinto, île Quehui, 42:37.322 S 073:29.730 W (03/02-04/02); (33) Caleta Mechuque, île Mechuque, 42:18.805 S 073:15.884 W (04/02-06/02); (34) Bahia Linao, 41:57.604 S 073:31.601 W (06/02-07/02); (35) Estero Chope, île Puluqui, 41:49.000 S 073:04.521 W (07/02-08/02); Canal Tenglo : (36) Puerto Montt, 41:29.948 S 072:58.914 W (08/02/2023)

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