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Le tour des yoles de Martinique

Dernière mise à jour : 23 mars


Nous avons quitté la Guadeloupe samedi 28 juillet 2018 et atteint le lendemain matin les côtes de la Martinique, accueillis par une horde de dauphins.

Après avoir dépassé la ville de Saint-Pierre, nous avons aperçu au loin sur l’horizon une horde bien moins sympathique de bateaux qui se déplaçaient dans notre direction. C’était la caravane du Tour des Yoles rondes dont la première étape venait d’être lancée.

Le Tour des Yoles rondes de Martinique est une manifestation nautique haute en couleurs qui se déroule chaque année fin juillet-début août pendant une semaine au cours de laquelle les concurrents s’affrontent sur l’eau en huit étapes autour de l’île.


Les yoles rondes sont des embarcations à voile(s) qui s’inspirent des « gommiers », ces pirogues amérindiennes taillées dans le bois du même nom et dont la production a cessé avec la raréfaction de cette essence.

Les premières yoles rondes ont été construites dans les années 1940 et utilisées par les pêcheurs qui se déplaçaient encore à la voile.

Construites en « bois de côte » ou de poirier local, les yoles sont pourvues d’une longue coque étroite et effilée sans quille ni gouvernail, d’une pagaie pour barrer ou godiller en l’absence de vent, d’un mât, d’une vergue en bambou, d’une voile rectangulaire et de « bois-dressés » pour redresser la yole en cas de gîte.



Déjà à l’époque, les pêcheurs se concurrençaient entre eux pour être le plus rapide à rentrer au port et à aller vendre le produit de leur pêche, ce qui a peut-être insufflé l’esprit des régates qui n’ont cessé de se développer jusqu’à la naissance du Tour des yoles de Martinique en 1985.

Les yoles rondes de compétition mesurent aujourd’hui 10 m de long et sont menées par un équipage de 14 personnes qui ont chacune un rôle bien précis à bord (le patron à la barre, les équipiers aux bois dressés, les "bassines" pour écoper, etc...).


La maîtrise de ces yoles est extrêmement sportive pour les régatiers, mais très artistique pour les spectateurs qui ont la chance d’admirer de près ou de loin le ballet des équipages à la manœuvre .



Les voiles arborent les couleurs des sponsors qui investissent chaque année davantage dans cet événement au succès et à la renommée croissants.



Chaque yole concoure pour une ville côtière de la Martinique ce qui exacerbe un peu plus la ferveur des supporters très nombreux sur terre comme sur l’eau.

En effet, à l’instar du Tour de France de cyclisme, le tour des yoles de Martinique déplace un imposant flot de spectateurs et surtout une caravane maritime ahurissante composée des quelques bateaux qui transportent le matériel ou les équipiers de rechange pour les yoles mais aussi des dizaines de catamarans et autres petits bateaux à moteurs qui transportent la foule de badauds venus suivre la course au plus près.



C’est d’ailleurs à cause de ce cortège de bateaux à moteurs que le parcours du tour des yoles a été modifié cette année. En raison des sargasses qui ont envahi la côte Est de la Martinique et qui auraient pu menacer les hélices des bateaux à moteur, toutes les étapes de cette édition ont été déplacées côté Caraibe.

Pour être au cœur de l’événement, nous avions décidé de nous rendre aux bourg des Anses d’Arlet où deux départs et deux arrivées d’étapes devaient avoir lieu. Nous y avons retrouvé Rémi et Sylvie à bord de Belissima, à qui j’ai emprunté bon nombre de clichés pour illustrer cet article. (Merci !)

D’habitude si tranquille, ce petit village a connu une animation et une fréquentation incroyables pendant ces quelques jours de course.


Nous avons apprécié de pouvoir assister à l’ambiance et aux préparatifs d’avant course.



Nous aurons nettement moins apprécié d’être mêlés malgré nous aux festivités d’après course : Pour la première arrivée, nous étions allés mouiller au fond de l’anse pour ne pas gêner les yoles mais surtout pour ne pas nous retrouver au milieu de la caravane du Tour. Ce fut un mauvais calcul car dès que les premières yoles ont pointé le bout de leur étrave, nous avons été encerclés par un essaim de petits bateaux à moteurs, venus s’ancrer les uns sur les autres (et sur Pythéas) pour fêter bruyamment toute l’après midi l’arrivée d’étape.


La deuxième fois, nous sommes allés mouiller dans la baie voisine, renonçant à assister à l’arrivée des yoles mais pensant ainsi échapper à la folie des bateaux suiveurs. Ce fut encore un choix stratégique désastreux puisque nous nous sommes retrouvés à nouveau envahis, cette fois-ci par une soixantaine de catamarans qui nous ont offert toute l’après midi un concours de décibels entre leur sonos, le ronron des jets-ski et les rotors de l’hélicoptère de la gendarmerie. Finalement, ce sont les sonos des catamarans qui ont gagné le concours en prolongeant la fête jusqu’à minuit.


La vraie compétition quant à elle aura été remportée cette année par la yole UFR CHANFLOR de la ville du Robert, vainqueur pour la 10e fois de cette course ce qui assoit son statut de « Mapipis » (champions, as).


Nous avons poursuivi notre escale en Martinique par un passage quasi incontournable dans la baie du Marin, car on y trouve à peu près tout ce dont on peut avoir besoin pour entretenir ou réparer son bateau.

Et comme il y a toujours quelque chose à réparer sur un bateau, il y a toujours une bonne raison de s’arrêter au Marin.

Cette fois-ci, nous avions malheureusement plusieurs bonnes raisons de nous y arrêter, notamment des raisons d’ordre électrique.

L'électricité n’est pas la matière préférée de Jean-Luc, on peut même dire que s'il lui en restait il s’arracherait les cheveux à comprendre comment ça marche ou en l’occurrence comment ça ne marche pas.

D’une manière générale quand un problème délicat se déclare sur le bateau, nous passons par plusieurs phases qui peuvent être comparées aux différentes phases du deuil :

1. Le choc : « quoi, encore ? ! » ou « quoi, ça aussi ?! »

2. Le déni : « non, c’est pas possible », ou « ça doit être un mauvais contact »

3. La colère : « P¥&@*n de B#$%€£ de M€$%€ !!!! »

4. La dévalorisation : « je comprends pas je comprends pas je comprends pas.... »

5. Le regret : « pourquoi j’ai pas suivi une formation d’électricien »

6. L’acceptation : « bon, de toutes façons j’ai pas le choix, faut que je trouve une solution »

7. La reconstruction : « j’essaie tout et si ça bloque encore j’appelle à l’aide »

8. La libération : « Alleluia ! », « je suis tellement fier de moi » ou « combien je vous dois? »

Une nouvelle fois, Jean Luc a réussi à ce que tout rentre dans l’ordre et nous avons pu profiter de nos derniers jours en Martinique, l’esprit léger.

Nous avons quitté la baie du Marin peu propice à la baignade (à cause des eaux troubles de la mangrove) pour aller mouiller dans la baie voisine de Sainte-Anne, aux couleurs paradisiaques.



Nous y avons retrouvé Belissima avec qui nous avons passé d’agréables moments et avec qui nous sommes allés tester la fameuse plongée du Diamant.



Depuis, nous attendons une fenêtre météo favorable pour descendre le plus agréablement possible vers Tobago, cette île au Sud de l’arc antillais dont tant de personnes nous ont vanté les atours.


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