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Oh, Marquises !

Oh, Marquises ! … Oh Fenua Enata, Terre des Hommes ! cela faisait si longtemps qu’on y pensait …

Dès les balbutiements de notre voyage, la seule évocation de ces îles résonnait comme une promesse, un fantasme, un graal que nous poursuivions sans savoir si nous l’atteindrions un jour.

Et voilà que ce jour a fini par arriver ...


Le 24 novembre 2023, après une brève escale à Rangiroa (Tuamotu), nous levons l'ancre aux aurores.

Le trajet depuis Rangiroa vers les Marquises nous impose un angle très serré au vent synonyme d’une navigation laborieuse. La météo ne nous permettant pas de descendre plus au sud chercher un meilleur angle, nous n’attendons pas davantage pour partir.

Nous voulons en effet arriver à Nuku-Hiva avant le début du festival de culture marquisienne qui doit s'y tenir du 16 au 20 décembre.

Nous passons sept jours en mer à tirer des bords face au vent et à la houle, dans des conditions souvent musclées, parfois éreintantes, avant d'aborder les côtes sud de Nuku-Hiva et la baie de Taiohae le 1er decembre 2023.

Comme souvent, la satisfaction et le soulagement d'être arrivés priment sur l'émotion mais quand même, ON Y EST !

La baie est déjà occupée par des dizaines de voiliers, parmi lesquels nous retrouvons Altaïr de nos amis François et François rencontrés 6 mois plus tôt aux Gambier, et Duyal de notre ami Richard rencontré 6 ans plus tôt en Guadeloupe...

À peine l'ancre jetée, Richard nous rejoint à bord et nous partageons ensemble de savoureuses retrouvailles qui nous font oublier la fatigue de la navigation.


Baie de Taiohae, Nuku-Hiva


Taiohae, capitale de Nuku-Hiva, est en effervescence en raison des préparatifs du Matavaa, ce grand festival qui se déroule tous les deux ans depuis 1987. Cette célébration de la culture marquisienne est un puissant symbole de la renaissance d’une population et d’un patrimoine culturel qui ont bien failli disparaître à l’orée du 20 ème siècle, détruits par 100 ans d’acculturation liberticide et d’ethnocide menés par le clergé et les fonctionnaires français colonisateurs. Le “réveil culturel” des Marquises entrepris dans les années 80 n’a cessé de grandir depuis pour se transmettre de générations en générations.

Témoignage supplémentaire de cet attachement des Marquisiens à leur terre et à leur culture, l’archipel a déposé en 2023 un dossier pour son inscription au patrimoine mondial de l’Unesco.


Pendant plusieurs jours, nous sommes les spectateurs privilégiés des répétitions de la délégation de Nuku-Hiva puis des représentations de toutes les délégations de chaque île.


Cérémonie d'ouverture du festival avec l'arrivée de la pirogue








Version courte d'un medley du festival


Ou version longue


Le festival terminé, la baie se vide petit à petit des 200 voiliers qui s’étaient rassemblés pour l’événement mais nous y restons encore quelques jours pour partager le réveillon de Noël avec Richard (voilier Duyal) et nos nouveaux amis Elie et Marie-Laure (voilier Oberon).

Nous décidons finalement de quitter la baie de Taiohae où nous serons restés plus de 3 semaines pour partir à la découverte d’autres territoires.


L’archipel des Marquises est constitué d’une dizaine d’îles dont les 6 plus grandes sont habitées (9500 habitants). Trois d’entre elles composent le groupe du Nord : Nuku-Hiva, Ua-Pou, Ua-Huka, trois d’entre elles le groupe du Sud : Hiva-Oa, Tahuata, et Fatu-Hiva. Ce sont des îles hautes, volcaniques, sans lagon, au relief très escarpé qui divise chaque île en vallées encaissées où se sont regroupées quelques familles.

Chaque île a son propre caractère même si elles offrent toutes une nature foisonnante et des paysages spectaculaires.



Nous partons vers les îles du Sud, pour tenter -en vain- de laisser derrière nous l’immense flotte de voiliers qui avait envahi Nuku-Hiva.


Arrivée à Tahuata


Côte Ouest de Tahuta


Baie de Vaitahu, Tahuata


Nous passons le nouvel an dans la magnifique baie d’Hanamoenoa à Tahuata, puis explorons brièvement la vallée de Vaitahu avant de saisir une fenêtre météo favorable pour rejoindre l’île de Fatu-Hiva plus au Sud.

Le mouillage de la mythique baie des Vierges nous offre un décor grandiose même si nous le partageons avec une dizaine d’autres voiliers.


Baie des Verges, renommée Baie des Vierges par les missionnaires pudibonds


Chèvres alpinistes au sommet d'une verge de la baie des Vierges


À terre, le décor est tout aussi éblouissant, et nous parcourons d’incroyables paysages en randonnant entre la vallée d’Hanavave et d’Omoa.


Vue sur la baie des Vierges


La nature est partout luxuriante, les arbres ploient sous les pamplemousses, avocats, mangues, citrons, fruits à pain, et nous vivons avec bonheur de notre cueillette ou des nombreux dons des Marquisiens, tellement généreux avec nous.



C’est dans ce magnifique cadre que je passe le douloureux cap des 40 ans puis nous changeons de mouillage pour nous installer dans la baie voisine d’Omoa. Moins confortable car un peu plus rouleuse que la précédente, cette baie présente l’inestimable avantage d’être boudée par la plupart des voiliers, et nous y passons 2 semaines sans quasiment aucun voisin !


Vallée d'Omoa


Vallée d'Omoa


Cela ne nous prive pas de faire de belles rencontres à terre, notamment celle de Teddy qui tatoue Jean-Luc, et de sa maman qui me fait découvrir les richesses de son jardin pendant ce temps-là. Le tatouage terminé nous repartons les bras chargés de victuailles offertes par Teddy et sa famille, et les mots nous manquent pour leur exprimer notre gratitude.



Nous quittons Fatu-Hiva le cockpit rempli de bananes offertes par des pêcheurs en échange de cigarettes et d’hameçons et jetons l’ancre le lendemain derrière la digue de Tahauku à Hiva-Oa.


Arrivée à Hiva-Oa


Gestion du stock de bananes


Baie de Tahauku, Hiva-Oa


Nous y passerons plusieurs semaines consacrées à la visite des musées et des tombes de Brel et Gauguin à Atuona, des trésors archéologiques de Upeke à Taaoa, de randonnées à l’anse Hanatekuua, nous déplaçant d’un endroit à un autre très facilement en auto-stop grâce encore une fois à la gentillesse des Marquisiens.


Tombe de Brel, Atuona, Hiva-Oa


Vue depuis la tombe de Brel, Atuona, Hiva-Oa


Tiki - Penseur, Atuona, Hiva-Oa


Plage d'Hanatekuua, Atuona, Hiva-Oa


Nous mettons ensuite cap vers Ua-Huka, l’île aux chevaux.

Dès que nous pénétrons dans la baie d’Hane, je tombe immédiatement sous le charme de cette île.


Baie d'Hane, Ua-Huka


Baie d'Hane et le Motuhane, Ua-Huka


L’entrée de la baie est gardée par un petit motu/ilôt -le Motuhane - autour duquel nous allons nous baigner dès le 2ème jour et y admirer le ballet de raies mantas, si nombreuses aux Marquises. Chaque fois que nous aurons mis la tête sous l’eau aux Marquises, nous aurons eu la chance de les croiser, simplement en faisant du snorkeling.

Mal desservie par les navettes inter-îles et plus difficile d’accès pour les voiliers, cette île est peu fréquentée par les touristes et nous nous sentons encore plus au bout du monde ici que dans le reste des Marquises, ce qui n’est pas peu dire ! Le contact avec les habitants des différentes vallées est encore plus facile, encore plus généreux, encore plus spontané, encore plus que tout ce que nous avions expérimenté jusque là. Ici, on ne fait pas de stop, les voitures s’arrêtent avant que vous les ayez sollicitées. On ne cueille pas les fruits dans la nature, les gens vous offrent de les ramasser chez eux. On ne vous propose pas d’acheter mais de faire du troc, etc…



Jean-Luc achète toutefois quelques planches de tek local auprès d’un artisan pour refaire la table du cockpit et emmener ainsi avec nous un petit morceau de cette île qui nous a tant plu.


Ua-Huka


Ua-Huka, des randonnées spectaculaires dans les cratères volcaniques


Ua-Huka


Ua-Huka


Ua-Huka, pétroglyphes dans la forêt


A regret, nous quittons Ua-Huka pour retourner quelques jours à Nuku-Hiva que nous n’avions pas pris le temps de suffisamment explorer lors de notre premier passage.

Derniers émerveillements avec la baie d’Anaho, derniers avitaillements en fruits et légumes, dernier apéro avec Paco et Rosie, nos amis espagnols du voilier Xénos rencontrés à Ua-Huka, puis il est temps de quitter les Marquises car le mois de mars est déjà bien entamé et nous devons récupérer Clément, le fils cadet de Jean-Luc, le 25 mars à Tahiti.


Baie d'Anaho, Nuku-Hiva


Baie d'Anaho, Nuku-Hiva


Pendant 3 mois et demi, nous aurons découvert un archipel d’une grande richesse culturelle, humaine, et naturelle. Nous sommes loin d’en avoir fait le tour et il nous faudra sûrement y retourner pour prolonger l’enchantement d’une réalité encore plus belle que le rêve...

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3 Comments


Leanis Leanis
Leanis Leanis
Jul 03

Toujours un régal

Vous avez trouvé vôtre ancrage

Des bises

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ayla046
Jun 29

Ces lointaines îles Marquises ont tenu toutes leurs promesses et semblent même avoir dépassé vos attentes. Encore un très bel article Mathilde ; mention spéciale pour le tatoué qui reste très digne dans la vidéo ;-)

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Sylvie et Rémi BARRE
Sylvie et Rémi BARRE
Jun 29

Bonjour Mathilde et JL

Enfin nous pouvons vous lire avec délices. Tous ces noms évocateurs pour nous, de ces souvenirs inoubliables de notre passage en 2013. Nous sommes heureux de vous savoir conquis par ces marquisiens aussi attachants, spontanés, hospitaliers, et nourris de particularités d’une culture qui nous fait défaut à nous occidentaux. Nous sommes certains que vous allez pouvoir rester en Polynésie des années et des années. Bon vent !

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