La Polynésie française est un territoire aussi vaste que l’Europe, divisé arbitrairement par les géographes en 5 archipels : les îles de la Société, les Tuamotu, les Marquises, les Gambier, les Australes.
Notre découverte de la Polynésie française commence le 7 juin 2023 par l’archipel des Gambier.
En arrivant du Chili, c’est pour nous l’escale la plus directe, quand les navigateurs en provenance de Panama sont obligés de faire un léger crochet pour atteindre ce groupe d’îles à l’écart des sentiers battus.
Les Gambier se composent d’une dizaine d’îlots et d’îles à l’intérieur d’un lagon protégé par une barrière corallienne partiellement conservée.
Quatre de ces îles sont habitées mais c’est la plus grande, Mangareva, qui concentre la majorité de la population et des activités. C’est donc tout naturellement devant sa capitale Rikitea que nous jetons l’ancre en premier.
A terre, un village paisible s’étire le long d’une grande route principale. On y croise de part et d’autre la mairie, la gendarmerie, le dispensaire, quelques épiceries/snack, l’école, la cathédrale, et un point de vente de bijoux issus de la perliculture qui constitue aux Gambier la principale ressource économique.
Le long de cette même route se trouve le Yacht Services de Titouan et Juliette, qui proposent aux plaisanciers un point de rencontre, un accès à internet, de précieux conseils et une multitude de services de qualité.
Nous y rencontrons notamment François et François, un couple de plaisanciers arrivés le même jour que nous aux Gambier, avec qui nous sympathisons rapidement.
Ensembles nous participons à une grande journée de nettoyage des motus de l’Ouest de l’archipel. (Un motu est un îlot constitutif de la barrière corallienne).
Film réalisé par François Starita, voilier Altaïr
Jean-Luc s’attelle sans tarder aux réparations du pilote électrique et du régulateur d’allure avec les moyens du bord car il ne peut espérer trouver quoique ce soit comme outillage ou matériel sur place à moins de passer commande à Tahiti et d’attendre le passage de la prochaine goélette - le Taporo - qui ravitaille l’île toutes les 3 semaines.
Film réalisé par François Starita, voilier Altaïr
D’une manière générale, il vaudra mieux apprendre à être le plus autonome possible en Polynésie car le coût de la vie y est exorbitant. Les prix dans les épiceries nous sidèrent, heureusement la nature et la population sont très généreuses même si les ressources végétales sont plus limitées en ce début d’hiver austral.
Vue depuis Mangareva vers Taravai
Côte Nord de Mangareva
Perliculture dans le lagon de Mangareva
De nombreuses randonnées nous retiennent quelques temps encore à Mangareva puis nous partons découvrir les trois autres îles : Taravai Aukena et Akamanu, toutes situées dans un rayon de moins de 10 miles! La navigation est donc très facile, à condition de rester à l’écart des champs de bouées de perliculture.
Nous testons des mouillages tous plus beaux les uns que les autres et vivons comme des Robinson, du produit de notre pêche et de notre cueillette.
Mouillage devant Taravai
Mouillage devant Akamaru
Mouillage devant Akamaru
Akamaru
Mouillage devant Aukena
Au bout de 5 semaines, nous quittons cet archipel accueillant et enchanteur pour nous rapprocher progressivement de Tahiti d’où je dois décoller vers la métropole mi-septembre.
Nous traversons l’archipel des Tuamotu, chapelet d’atolls aux eaux turquoises dans lesquelles la France est venue faire ses essais nucléaires pendant 30 ans.
Les premiers atolls accessibles en voilier sur notre route sont ceux de Fangatofa et Mururoa mais nous ne pouvons nous y arrêter car ce sont encore aujourd’hui des zones militaires interdites aux civils. Il nous faut donc viser jusqu’à Hao pour trouver un premier point de chute et espérer que les réparations du pilote et du régulateur tiennent durant ces 450 miles.
Pour pénétrer à l’intérieur d’un atoll, il faut franchir une passe, c’est-à-dire une brèche dans sa barrière corallienne. Ces passes agissent comme des goulets où l’effet des courants de marée est amplifié et peut créer des conditions de navigation dangereuses. Il faut donc planifier prudemment son passage dans ces passes. Lorsque nous nous présentons devant Hao au terme de 4 jours au portant sous pilote, sous régulateur, puis sous spi, les conditions de mer sont très calmes et nous franchissons notre première passe sans difficulté malgré une appréhension légitime.
Belle pêche entre les Gambier et les Tuamotu
Le 14 juillet 2023, nous jetons l’ancre devant le village d'Hao selon une nouvelle technique : aux Tuamotu, comme le fond des lagons est jonché de patates de corail, il faut essayer de viser un patch de sable pour l’ancre et attacher la chaîne à des bouées ou des pare-batte (nous avions récupéré des bouées de perliculture aux Gambier) pour la faire flotter et éviter qu’elle ne s’emmêle autour des patates de corail…
Le navire de la marine française Le Bougainville est amarré au quai du village. Le pacha que nous avions déjà croisé aux Gambier nous consacre généreusement une longue et captivante visite privée de son bâtiment avant de repartir le lendemain.
La mi-juillet coïncide également à la période des fêtes du Heiva dans toutes les îles de la Polynésie et nous assistons avec émerveillement à ces festivités, en compagnie des Francois qui nous ont suivi à Hao.
Grâce aux vélos qu’ils nous prêtent, nous explorons par la terre sur plusieurs kilomètres de long cet immense atoll et découvrons un nouvel environnement à la morphologie surprenante.
l'atoll d'Hao côté océan
l'atoll d'Hao côté lagon
L'histoire d'Hao est étroitement liée aux essais nucléaires puisque c’était une base arrière militaire importante du CEP (Centre d’Expérimentation du Pacifique) dont l’intense activité a assuré une prospérité économique à l’atoll pendant de nombreuses années. Malheureusement le retrait soudain et sans préavis des troupes militaires lui a garanti un déclin tout aussi spectaculaire.
vestiges du CEP
Nous quittons Hao au bout d’une dizaine de jours pour nous rendre dans l’atoll voisin d’Amanu, aux proportions beaucoup plus réduites.
Passe d'Amanu, rive Sud
Passe d'Amanu, rive Nord
Nous recevons encore et toujours un accueil très agréable à terre, et découvrons sous l’eau quantité de requins pointe noire autour du bateau.
Accueillis avec de magnifiques colliers de fleurs
Concours de pirogues à Amanu en 2023 / photo d'archive au Musée de Tahiti et ses îles
Les atolls des Tuamotu sont couverts de cocoteraies exploitées pour la coprah (pulpe séchée de la coco dont sera extraite plus tard l’huile) qui est commercialisée et exportée vers Tahiti. Jean-Luc peut ainsi s’exercer tout à loisir à décortiquer les cocos puis fabriquer huile et lait de coco maison.
Cocoteraie au coucher du soleil, Ouest d'Amanu
Cocoteraie à l'Est d'Amanu
Séchage de la coco
Depuis Amanu, nous slalomons à travers les atolls pour atteindre Fakarava. Fakarava est un des atolls les plus réputés pour la plongée c’est pourquoi nous prospectons auprès des clubs de plongée pour étudier la possibilité de travailler avec eux. Nous faisons d’incroyables plongées dans la passe Nord et établissons un contact avec l’un des clubs ce qui nous laisse quelques perspectives pour la suite du voyage…
Fakarava Nord
Fakarava Sud
Notre amie Ingrid que nous avions connue en Guadeloupe et qui habite maintenant à Tahiti vient nous retrouver quelques jours à Fakarava. Nous découvrons ensembles le Sud de l’atoll, ses plages paradisiaques et ses fonds sous-marins spectaculaires, à portée de masque et de tuba.
Alors que le mois d’août s’achève, il est temps pour nous de quitter les Tuamotu pour nous rendre dans les îles de la Société et préparer mon départ depuis Tahiti vers la métropole. Il s’agit surtout de faire du repérage pour que Jean-Luc prenne ses marques parmi les différents mouillages de Tahiti ou de Moorea avant d’y revenir seul au cours des prochaines semaines.
Nous explorons d’abord Moorea qui ne ressemble à aucune autre île que nous avions vue jusque là. Le contraste entre les atolls au ras de l’eau des Tuamotu et les reliefs escarpés de Moorea est saisissant.
Arrivée à Moorea depuis la côte Nord
Arrivée à Moorea depuis la côte Nord
La côte Nord de l’île où s’enfoncent les baies de Oponohu et de Cook est d’une beauté vertigineuse.
Baie d'Opunohu, Moorea
Dans l’intérieur des terres, la nature continue de nous enthousiasmer que ce soit par ses champs d’ananas à perte de vue ou par ses points de vue imprenables depuis le sommet du Mont Rotuy.
A Tahiti, nous nous dirigeons du côté de la presqu’île de Taravao dont le mouillage présente plusieurs avantages : l’accès à terre et aux commerces y est facile, notre amie Ingrid n’habite pas loin, et la baie est très protégée. Nous nous y établissons quelques temps pour gérer un maximum d’aspects logistiques (gaz, courses, lessives, abonnement téléphonique,…) avant mon départ imminent.
Mi-septembre, je m’envole donc vers la métropole pour passer du temps avec ma famille et participer à un chantier subaquatique en Corse.
Jean-Luc reste seul maître à bord de Pythéas pendant 6 semaines au cours desquelles il recevra la visite de nombreuses baleines à bosse, s’entraînera à la navigation en solo et effectuera comme toujours de nombreux travaux d’entretien et de réparation sur le bateau.
A mon retour début novembre, Jean-Luc et Pythéas m’attendent à Moorea. Nous y passons une petite semaine sous des trombes d’eau car la saison des pluies a bel et bien commencé. La saison cyclonique aussi, et si nous voulons rester à l’écart des tempêtes que les météorologues annoncent plus fréquentes cette année en raison du phénomène El Niño, nous devons songer à filer vers les Marquises, censé être un des archipels les plus abrité de la Polynésie française.
La route est longue jusqu’aux Marquises, mais nous pouvons faire une escale aux Tuamotu. Le hasard décide à notre place de cette étape intermédiaire : Nicolas, le fils de Gérard et Pascale du Rédéris à Banyuls-sur-Mer vient d’atterrir à Tahiti. Il est venu pour travailler comme moniteur de plongée à Rangiroa, un autre atoll des Tuamotu très célèbre pour ses plongées. La coïncidence est trop belle, nous embarquons Nico avec nous depuis Moorea vers Rangiroa, pour une navigation de 36h.
6 clubs de plongée se partagent l’activité touristique à Rangiroa. Nous profitons de notre passage pour proposer nos services de moniteurs et faisons deux belles plongées dans la passe de Tiputa, connue pour ses forts courants et ses dauphins. Les deux seront au rendez-vous !
Le 24 novembre 2023, nous laissons Rangiroa derrière nous pour entamer la deuxième partie de notre trajet vers les Marquises. Celle-ci s’annonce longue et laborieuse (1 semaine face à la houle et au vent) mais nous ne manquons pas de motivation car les Marquises ont toujours fait partie des destinations que nous rêvions d’atteindre et car cette année s’y déroulera à la mi-décembre un grand festival de la culture marquisienne..
Joli programme en perspective…
toujours aussi captivant. on attends la suite pour les Marquises..
on vous souhaite de merveilleuses navigation
belle aventure se poursuit, en ce 1/1/24 j'en profite pour vous souhaiter une très bonne année depuis Port-Vendres . Bises Emmanuel