Le 1er décembre 2022, après une remontée du canal Beagle des plus éprouvante, nous nous amarrons enfin au ponton du Yacht Club d’Ushuaïa pour accueillir in extremis notre ami Hervé qui arrive le lendemain matin au terme lui aussi d’un long voyage (Saint Hippolyte - Barcelone - Buenos Aires - Ushuaïa).
Arrivée d'Hervé en avion à Ushuaïa
Une fois remis de nos fatigues respectives nous nous consacrons sans tarder aux préparatifs du bateau : check-up général de Pythéas grâce à l’œil expert d’Hervé dont le métier est de réparer et d’apprendre à réparer les bateaux, puis dernier avitaillement en prévision de longues semaines d’autonomie. Nous découvrons également cette curieuse ville qui ressemble davantage à une usine à touristes qu’à un petit port confidentiel aux confins du monde quand d’innombrables paquebots de croisière y débarquent chaque semaine.
Ushuaïa vue depuis le ponton du Club Nautico
Du côté du Yacht Club, l’ambiance est toute autre. Nous partageons le ponton avec trois ou quatre voiliers tout au plus. La plupart d’entre eux sont des bateaux de charter skippés par des marins expérimentés qui après avoir écumé les mers du monde sont venus se mettre au vert en Patagonie pour cultiver leur misanthropie ou vivre quelque chose qu’ils n’ont pas trouvé ailleurs… Parmi eux, nous rencontrons Laurent qui fait du charter entre la Patagonie et l’Antarctique sur son bateau en bois (type ULDB) depuis plus de 10 ans (www.conceptvoile.com, on vous le recommande !) et qui nous accueille chaleureusement à son bord dès notre arrivée. Nous passerons plusieurs soirées en sa compagnie toutes plus agréables les unes que les autres, au cours desquelles il n’aura de cesse de nous distiller humblement quantité de bons conseils que nous lui soutirons avidement et que nous nous promettons de ne pas oublier…
A l’instar de Laurent, tous les gens que nous croisons dans ce petit microcosme du Yacht Club ont un parcours atypique : comme ce jeune couple anglais-brésilien qui s’apprête à remonter la côte atlantique jusqu’au Brésil à bord d’un modeste voilier dont le chauffage à bord semble uniquement assuré par la chaleur animale de leur chat et de leur berger belge à la taille inversement proportionnelle aux volumes du bateau; ou comme ce couple de « plaisanciers » hollandais-québécois qui après avoir ramené leur bateau du Spitzberg via le passage du Nord-Ouest jusqu’en Patagonie viennent de boucler un tour du monde d’Ouest en Est par les 3 caps et s’apprêtent à faire du charter en Antarctique; sans oublier le survolté Uka originaire de l’île de Pâques, devenu gérant du Club Nautico d’Ushuaïa après que ses frasques amoureuses avec la femme du capitaine du port de Puerto Williams l’ait conduit à quitter précipitamment le Chili pour l’Argentine…
Hervé, Uka et Jean-Luc
Au terme d’une semaine bien remplie, nous quittons le 8 décembre Ushuaïa et l’Argentine pour nous rendre à Puerto Williams, port d’entrée officiel du Chili.
Comble de l’ironie, pour atteindre Puerto Williams nous sommes obligés de rebrousser chemin vers l'Est dans le canal Beagle en refaisant les derniers 25 miles que nous avions eu tant de mal à parcourir il y a une semaine jour pour jour.
Cette fois-ci, nous en venons à bout sans aucune difficulté poussés par une légère brise portante, alors qu’Hervé trouve facilement et rapidement ses repères à bord de Pythéas. En fin d’après midi, nous nous amarrons à couple d’une ribambelle de bateaux au Yacht Club du Micalvi dont le ponton est en réalité un ancien cargo reconverti en un énorme poste d’amarrage, à bord duquel se trouvent des sanitaires et un immense bar malheureusement sans activité lors de notre passage.
Devant le Micalvi
Le Micalvi, ponton - cargo
Hervé et Jean-Luc accrochant le fanion du Yacht Club de Saint-Cyprien au Micalvi
Le lendemain nous découvrons une petite bourgade bien calme, qui nous laisse imaginer ce à quoi pouvait ressembler Ushuaia auparavant.
Puerto Williams
En cours d’aménagement, un énorme complexe portuaire viendra sans doute changer inexorablement la physionomie de Puerto Williams à son tour d’ici quelques années…
Projet de complexe portuaire à Puerto Williams
C’est depuis Puerto Williams (1) que le mythique passage du Cap Horn peut être entrepris. L’enjeu est de saisir une fenêtre météo favorable suffisamment longue pour avoir le temps de parcourir les 200 miles d’une boucle qui oblige à rebrousser encore un peu plus chemin dans le canal Beagle pour contourner l’île Navarino par l’Est (le canal Murray coté occidental étant malheureusement interdit aux voiliers étrangers), profiter sur la route des abris de l’île Lennox puis de l’île Hermite pour faire escale de nuit car seule la navigation de jour est autorisée, faire le tour du fameux caillou et revenir pointer auprès des autorités de Puerto Williams en empruntant la même route qu’à l’aller à la nuance près qu’elle sera alors contre vent et contre courant.
Avec un bateau comme le nôtre, une telle entreprise nous prendrait au moins 4 jours, auxquels s’ajoute un nombre indéfini de jours d’attente de la bonne fenêtre météo.
Comme Hervé souhaite nous accompagner à travers les canaux chiliens de Patagonie jusqu’à l’arrivée à Puerto Montt mais qu’il n’a que 9 semaines pour le faire, nous choisissons de renoncer à l’étape du Cap Horn jugée trop chronophage, préférant entamer le plus rapidement possible la remontée des canaux. La suite du voyage nous donnera raison car nous réaliserons assez vite que 9 semaines sont insuffisantes pour profiter confortablement de cette région du monde lorsqu’on la traverse d’Est en Ouest (c’est-à-dire contre vents et contre courants la plupart du temps).
La Patagonie est une vaste région que se partagent l’Argentine à l’Est et le Chili au Sud et à l’Ouest.
Si la Patagonie argentine englobe des territoires très variés allant des grands plateaux désertiques aux montagnes boisées, la Patagonie chilienne correspond quant à elle au morcellement en une multitude d’îles de l’extrémité Sud de la Cordillère des Andes. Cette dentelle d’îles abrite encore de nombreuses forêts primaires et se parcourt à travers un dédale de canaux qui n’ont sans doute pas tous été explorés, attisant la curiosité de nombreux aventuriers. L’hostilité de l’environnement (froid, humidité, isolement, vents violents) limite cependant la fréquentation de cette région particulièrement sauvage qui impose une préparation assez exigeante.
C’est donc avec un mélange d’excitation et d’appréhension que nous nous lançons dans l’exploration de ces canaux en quittant Puerto Williams le 12 décembre 2022.
Canal Beagle
Canal Beagle
1. Du 12 décembre au 22 décembre 2022 : Du canal Beagle au Détroit de Magellan (220 miles)
Nous remontons le canal Beagle au-delà d’Ushuaia, laissant définitivement dernière nous la civilisation pour de longues semaines.
Phare des éclaireurs vu depuis la rive chilienne du canal Beagle
Tout est nouveau et surprenant, qu’il s’agisse des paysages à la fois austères et grandioses, des navigations soumises aux nombreux effets de site que ne manquent pas de provoquer pics et vallées, de l’amarrage si particulier dans ces innombrables anses très étroites que l’on nomme « caletas » (cf Patagonie pratique) et qui offrent un abri souvent salvateur, de ces glaçons que l’on ne tarde pas à voir flotter en se rapprochant des glaciers du brazo noroeste, de ces otaries qui sautent parfois derrière le bateau comme des dauphins, etc…
Glaciers du Brazo Noroeste dans le canal Beagle
Glaciers du Brazo Noroeste dans le canal Beagle
Mouillage dans la Caleta Beaulieu (n° 4 sur la carte précédente) au pied du glacier
Glacier au fond du bras Est du Seno Pia
Caleta Brecknock (n°8 sur la carte précédente)
Jean-Luc et Hervé dans la caleta Brecknock
Caleta Cluedo (n°9 sur la carte précédente)
Nous faisons peu d’incursions à terre faute de temps ou de météo favorable.
L’unique randonnée que nous entreprenons nous donne d’ailleurs quelques kilomètres de fil à retordre. Au départ de la caleta Olla (3), nous nous engageons d’abord sur un terrain mouvant car particulièrement spongieux, puis trouvons difficilement à travers une végétation anarchique un accès pour gravir le sommet de la montagne depuis lequel nous admirons tout de même entre deux averses de grêle et de neige de magnifiques glaciers et leurs lacs respectifs. Le retour s’avère encore plus compliqué, car il est impossible de retomber sur la trace suivie à l’aller et car il faut éviter de rester coincés au sommet d’à-pic rocheux. Finalement, nous retrouvons le chemin du bateau au terme d’une randonnée qui aura duré 5 h quand notre guide nous en pronostiquait 2… La progression sur terre comme sur l’eau se mérite au prix d’intenses efforts !
Glacier hollandais au sommet de la caleta Olla (n°3 sur la carte précédente)
Vue sur la caleta Olla et le canal Beagle depuis le glacier hollandais
Bien que nous soyons en été, il n’est pas rare d’avoir les 4 saisons dans la même journée. Hervé dit fort à propos que : « c’est comme la Bretagne, il fait beau plusieurs fois par jour… ». Le froid et l’humidité ne nous épargnent pas et nous savourons le confort du « jardin d’hiver » qui protège le cockpit en navigation, et la chaleur du poêle le soir dans le carré ou le matin au réveil.
Séchage façon "cormoran"
Nous profitons néanmoins des longues journées qu’offre l’été de l’hémisphère Sud (en décembre, le jour ne se couche qu’à 23h pour se lever à 3h…. ) pour naviguer plus tard le soir ou prolonger un apéro en terrasse…
Apéro dans le cockpit - Hervé tient son carnet de voyage à jour
A l'abri du jardin d'hiver...
Plus nous progressons vers l'Ouest, moins nous croisons d'autres bateaux. Le seul contact que nous gardons avec le monde des humains se réduit à de brefs échanges radio avec les gardiens des Alcamar, vigies de l'Armada perdues au milieu des canaux. C'est d'ailleurs l'un d'eux qui nous apprendra au cours d'un échange assez surréaliste la défaite de la France en finale de la coupe du Monde...
Alcamar
Pendant 10 jours, nous naviguons sans relâche chaque fois que la météo nous le permet, qu’il vente ou qu’il pleuve, dans des conditions souvent âpres, et parcourons en moyenne 36 mn par jour soit une petite vingtaine de miles en route directe.
Car pour économiser la réserve de carburant dont nous disposons jusqu’au prochain poste de ravitaillement (Puerto Eden à 650 miles de là), nous essayons de progresser le plus possible à la voile même si cela implique souvent des navigations plus longues et plus difficiles, tirant d’innombrables et laborieux bords pour remonter face au vent (2 fois la distance 3 fois la peine par rapport à la route directe). Nous réalisons que nous ne sommes pas invités par cette nature mais seulement tolérés.
Néanmoins, nous n’avons pas à rougir de notre avancée et le 22 décembre, nous entrons enfin dans le détroit de Magellan.
2. Du 22 décembre 2022 au 8 janvier 2023 : Le canal de Magellan (100 miles)
Dès la sortie du canal Ackwalisnan, le détroit nous réserve un comité d’accueil des plus hostile et nous allons trouver refuge sous des rideaux de pluie dans la caleta Hiden (10).
Si nous avions déjà rencontré des conditions de navigation musclées au cours de la première partie du parcours, les choses se corsent sérieusement lorsqu’il s’agit de remonter le détroit de Magellan. En terme de dégustation, le détroit de Magellan aura sans conteste représenté la pièce de résistance.
En effet, notre passage dans cette partie des canaux la plus exposée au vent à la houle et au courant coïncide avec une dégradation importante des conditions météos. Pendant plus de 2 semaines, des trains de dépressions apportant des vents de plus de 40 noeuds ne cessent de défiler dans le détroit.
Nous décidons de saisir la moindre lucarne météo et de naviguer de nuit pour progresser malgré tout. Nous faisons un premier saut de puce pour parcourir 71 mn en 17h (35 mn en route directe) et trouvons refuge sur l’île Carlos (11), accueillis par une baleine dont nous distinguons le souffle à travers la pluie et le brouillard. Nous y passons le réveillon de Noël et restons coincés 5 jours à attendre de meilleures météos. La vie s’écoule tranquillement à bord, entre lectures, jeux de cartes et de dés, apéros, calfeutrés au coin du poêle à écouter Brel nous promettre des perles de pluie venues d’un pays où il ne pleut pas alors qu’il fait un temps de chien dehors.
Une goélette de 28 m qui fait du charter vient s’amarrer une journée dans la baie et interrompre temporairement notre isolement en nous invitant à passer un bref mais agréable moment à son bord, en compagnie d’un équipage français d’une quinzaine de personnes.
Le lendemain, la goélette reprend sa route vers l’Est en direction d’Ushuaia alors que l’accès vers l’Ouest reste pour nous impraticable. Hervé a du mal à cacher son impatience lors de cette escale forcée bien trop longue à son goût, et se replonge plusieurs fois par jour dans les fichiers météo pour trouver un moyen d’avancer coûte que coûte. Le 30 décembre, nous nous glissons dans un fenestreau météo pour tenter un nouveau saut de puce nocturne jusqu’à la Caleta Playa Parda (12) où nous arrivons le lendemain après 20h de navigation, 50 virements de bord, 82 miles, pour … 32 mn en route directe…
ça fait rêver ...
Nous croisons des dizaines de bateaux de pêche chinois identiques à celui-ci, dans un état déplorable, qui transitent d'Ouest en Est dans le détroit de Magellan
Caleta Playa Parda (n°12 sur la carte précédente)
Le cadre est comme souvent magnifique dans cette caleta où nous jetons l’ancre et 90 m de chaîne en prévision des 60 noeuds de vent annoncés.
Heureusement la caleta nous procure un excellent abri et malgré de belles rafales qui ne manquent pas de faire gîter le bateau au mouillage, nous savourons sereinement les bulles et le passage vers la nouvelle année. Nous restons à nouveau coincés 4 jours à attendre une amélioration de la météo, profitant d’accalmies pour des travaux extérieurs de couture sur la trinquette, de réparation sur les chariots de GV qui ne cessent de perdre leurs billes depuis que nous avons quitté Puerto Williams, et des trajets en kayak jusqu’à une source pour refaire le plein d’eau avec des bidons.
Le 4 janvier, nous repartons pour un ultime saut de puce vers la Caleta Uriarte (13) où nous trouvons à nouveau un excellent abri en fin de journée grâce à une belle progression de 47 mn pour 37 mn en route directe.
Le soir, le vent souffle si fort qu’une de nos aussières arrache l’arbre auquel on l’avait attachée…le lendemain des rafales de plus de 45 noeuds lèvent dans la baie des colonnes de fumée ahurissantes sur la surface de l’eau mais nous sommes parfaitement protégés dans notre petit trou de souris.
Le temps s’améliore puisque nous ne restons cette fois-ci coincés que 3 jours dans cette caleta.
3. Du 8 janvier au 19 janvier 2023 : Du canal Smyth au Golfe de Penas (350 miles)
Le 8 janvier, nous laissons enfin dernière nous le détroit maudit pour rejoindre le canal Smyth.
Dans l’après-midi, nous nous engageons dans le Puerto profundo (14) dont l’entrée ne fait pas plus de 8 m de large et au fond duquel nous pensons trouver un solide abri pour laisser passer une nouvelle dépression tout en célébrant au calme à la fois la fin du détroit et mes 39 printemps.
C'est pas bien large comme entrée...
Puerto Profundo (n°14 sur la carte précédente)
Galette des rois pour fêter mon anniversaire
En fin de soirée, nous avons la surprise de voir arriver un voilier dans la baie, à bord duquel navigue en solo Cristobal d’origine franco-chilienne. C’est une belle rencontre et nous partageons avec lui une excellente soirée qui se termine très tard.
Le lendemain, malgré une nuit trop courte nous nous remettons en route pour profiter d’une météo enfin clémente. Notre motivation sera récompensée par notre première journée de portant depuis 1 mois !
Nous redécouvrons les joies d’avancer à plat, rapidement, facilement, en route directe et sous le soleil qui plus est. Nul doute, nous avons mangé notre pain noir et la suite ne pourra qu’être plus facile…
En effet, que ce soit parce que nous avons franchi une frontière virtuelle en dépassant le détroit de Magellan ou que ce soit grâce au changement de lune, nous bénéficions pendant une semaine de conditions beaucoup plus favorables pour avancer rapidement.
Canal Sarmiento, Caleta Damien (16) , île Vancouver
Afin de rattraper le « retard » pris dans le détroit de Magellan, nous mettons les bouchées doubles en parcourant 45 miles en moyenne par jour et en navigant une nouvelle fois de nuit pour profiter au maximum de conditions clémentes. Malgré une journée de halte imposée par la météo et un détour d’une quarantaine de miles pour admirer le glacier Pie XI (18), nous parcourons en 8 jours les 250 miles qui nous séparent de Puerto Eden, premier contact avec la civilisation depuis 5 semaines.
Glacier Pie XI (n°18 sur la carte précédente)
Glacier Pie XI (n°18 sur la carte précédente)
Jean-Luc devant le glacier Pie XI
Glaçons flottants
Glaçon dans le cockpit puis dans la capairinha !
Puerto Eden est en effet le seul village habité à des centaines de kilomètres à la ronde. Bien que ce soit le village le plus pluvieux du monde, nous le découvrons sous un soleil radieux qui donne à cette escale une saveur toute particulière.
Puerto Eden (n°20 sur la carte précédente)
Pythéas devant Puerto Eden
Puerto Eden
C’est un endroit insolite, habité par une poignée d’irréductibles autochtones dont les maisons sont toutes reliées entre elles par un unique cheminement de passerelles en bois.
Hervé dans l'unique rue de Puerto Eden
La végétation alentour est si dense qu’il n’y a aucun accès vers l’extérieur si ce n’est par la mer.
C’est donc un Eden tout particulier, même si des haies de framboisiers poussent comme de la mauvaise herbe tout le long du village.
Nous refaisons le plein de ce qu’il nous manque grâce à la présence de quelques épiceries ravitaillées deux fois par semaine par le ferry.
Epicerie à Puerto Eden
Le bourg est si petit que nous croisons immanquablement une équipe de Français qui se préparent à partir en expédition pour le tournage d’un documentaire pour Arte (Ultima Patagonia), avec qui nous sympathisons et passons de bons moments.
C’est donc à regret que nous repartons déjà moins de 48h après notre arrivée, croisant à peine Cristobal qui venait d’arriver.
Mais à nouveau notre programme est tributaire des impératifs météos et de la nécessité de tenir les délais pour ne pas arriver trop tard à Puerto Montt, et si nous voulons profiter d’une bonne fenêtre pour franchir rapidement le délicat Golfe de Penas, nous devons repartir et naviguer sans interruption pendant les 3 prochains jours…
4. Du 19 janvier au 8 février 2023 : Du Golfe de Penas à Puerto Montt
Le 20 janvier, nous franchissons le golfe de Penas dans de bonnes conditions même si le vent nous abandonne avant d’atteindre la Bahia Anna Pink.
Festival de dauphins (Lagénorhynques obscurs de Fitzroy) dans le Golfe de Penas
Festival de dauphins (Lagénorhynques obscurs de Fitzroy) dans le Golfe de Penas
Festival de dauphins (Lagénorhynques obscurs de Fitzroy) dans le Golfe de Penas
Les paysages changent, les températures sont de plus en plus clémentes même si nous continuons de nous faire rincer régulièrement, mais surtout nous constatons que nous nous rapprochons de plus en plus de la civilisation. Nous ne sommes plus seuls sur l’eau, nous croisons des bateaux à moteur et nous découvrons effarés les innombrables et gigantesques installations d’élevage de saumon (Salmoneras). Il y en a littéralement dans tous les coins, même dans une caleta où nous avions prévu de passer la nuit ce qui nous contraint à un fastidieux détour…
Salmonera
Pendant 4 jours, nous essayons de négocier au mieux des météos à nouveau délicates et des zones de courant piégeuses.
Nous arrivons le 25 janvier à Puerto Aiguirre, un village de pêcheurs un peu plus important que Puerto Eden. Nous y retrouvons Cristobal arrivé depuis 3 jours car il a gagné beaucoup de temps sur nous en passant par le Canal de Darwin.
Nous passons une très bonne soirée en sa compagnie et celle de Jaimé, le gérant de la petite marina, autour d’un repas 100 % local : centollas, saumons, et vins chiliens.
Puerto Aguirre (n°26 sur la carte précédente)
Vue sur le canal Moraleda depuis les hauteurs de Puerto Aguirre
Nous continuons notre progression vers le Nord, conscients de quitter définitivement la vie sauvage pour nous rapprocher toujours davantage de la civilisation.
Les premiers pélicans font leur apparition, les mouillages à l’ancre remplacent les amarrages aux arbres, le vent est de moins en moins de face, et les journées ensoleillées de plus en plus fréquentes.
Nous trouvons même des sentiers de randonnée aménagés pour nous dégourdir les jambes sans risquer de nous perdre !
Randonnée sur l'Isla Jechica Marina y Refugio (n°28 sur la carte précédente)
Le 31 janvier, nous traversons le Golfe d’Ancud pour rejoindre l’île de Chiloé, point d’orgue de notre traversée des canaux.
Départ au petit matin avec la marée favorable pour la traverée du Golfe d'Ancud
Bien qu’il ait été progressif, le retour à la civilisation n’en est pas moins violent au moment de débarquer à Castro, capitale et centre touristique important de Chiloé.
Hervé devant la cathédrale de Castro, île de Chiloé (n°31 sur la carte précédente)
Intérieur de la cathédrale de Castro
Castro et ses palafitos (maisons sur pilotis)
Palafitos (maisons sur pilotis) de Castro à marée basse (6 m de marnage !)
Réputée pour son patrimoine naturel et architectural (églises en bois dont 16 sont inscrites sur la liste du patrimoine de l’UNESCO, palafitos ou maisons sur pilotis), Chiloé attire de nombreux touristes tant étrangers que Chiliens, surtout en cette période de grandes vacances.
Ici aussi, les parcs à huîtres et salmoneras sont omniprésents et il n’est pas toujours facile de se frayer une place pour mouiller à l’écart de leurs milliers de bouées mais nous découvrons tout de même de jolis coins plein de cachet que nous prenons cette fois-ci le temps d’explorer un peu plus par la terre.
Parcs à huîtres à Puerto Queilen, île de Chiloé (n°30 sur la carte précédente)
Isla Quehui, en face de Chiloé (n°32 sur la carte précédente)
Isla Mechuque, en face de Chiloé (n°33 sur la carte précédente)
Incroyable mais vrai, le spi est même de sortie !
Le 8 fevrier 2023, nous arrivons à Puerto Montt encadrés par un panorama somptueux de sommets enneigés de la cordillère des Andes.
La Cordillère des Andes enneigée à Tribord en arrivant à Puerto Montt
Quelques jours plus tard, Hervé nous quiite pour rentrer en France. Grâce aux qualités tant humaines que marines de cet équipier hors pair, nous aurons partagé ensembles d'inoubliables moments !
MERCI HERVÉ !
Mais si notre périple en Patagonie est terminé, la découverte du reste du Chili ne fait que commencer !
Merveilleux reportage. Pour un fou comme moi qui a le rêve de s'attaquer à cet everest votre blog est une mine d'or et d'optimisme.
J'aurai des milliers de questions à vous poser sur ce périple mais ce n'est pas le lieux.
Vivement la suite.
Merci
Merci de nous faire vivre cela toujours aussi
passionnant mais j ai froid pour vous
bon vent les amis
Traversée on ne peut plus épique, contée avec aisance et humour, merci Mathilde.
Ici à P.V durant cette époque il n'est jusqu'à ce jour qu'une pluie 36mm pour la san Galdric.
Encore merci pour cette aventure dont nous attendons de bonnes nouvelles .BZBZ Emmanuel
Très bel article pour ce périple dans cette partie moins connue du monde. Les cartes qui accompagnent le texte et les superbes photos sont un vrai +.
bravo les amis, pour la réalisation de cette belle nav (elle se mérite et dépends de tellement de facteurs...) et ce très bel article. a un de ces jours dans le pacifique !