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Transatlantique Açores - France

Dernière mise à jour : 22 sept. 2020

Nous avons eu l’autorisation de mettre le pied à terre aux Açores et nous en aurons largement profité pendant presque 2 mois !

Mais le temps est venu de penser à la suite : l’Europe (continentale) afin de retrouver nos proches quelques mois et de préparer le bateau à repartir sous d’autres latitudes...


Malgré la crise du Covid, nous avons jusque là réussi à respecter tant bien que mal notre feuille de route initiale.

Seul changement, au lieu de laisser cet hiver le bateau au sud du Portugal nous avons décidé de rentrer en France avec lui pour éviter que de nouvelles fermetures de frontières nous empêchent soit de venir en France par la terre, soit de regagner le bord de Pythéas.

Deux options s’offraient à nous :

  • la côte méditerranéenne, 1800 miles depuis les Açores, le passage parfois délicat de Gibraltar, des météos capricieuses, peu de places de port ou de chantier à sec, un goût de déjà vu...

  • la côte altantique, 1100 miles depuis les Açores, le passage délicat du golfe de Gascogne mais qu’on peut contourner, des météos plus fiables, beaucoup de possibilités pour laisser le bateau à flot ou au sec, la découverte d’un nouveau terrain de jeu...

Notre choix s’est donc porté sur la façade atlantique et plus précisément la Bretagne (mais la Bretagne Sud tout de même...).




Comme toujours avant une longue traversée il faut déterminer la meilleure fenêtre météo pour partir, et ainsi s’assurer de bonnes conditions de navigation ni trop venteuses ni trop calmes.


Pour les moins initiés, voici un petit rappel des valeurs de vent réel en échelle Beaufort, rapportées au vent "ressenti" en échelle Pythéas .



Plus l’été avance, plus les dépressions qui sortent d’Amérique du Nord sont nombreuses et il faut essayer de se faufiler entre elles pour profiter du vent qu’elles génèrent dans leur sillage sans se retrouver au centre de leur trajectoire pour ne pas se faire secouer.


Si autrefois seuls un bon sens marin et un baromètre précis aidaient à choisir la bonne fenêtre météo, aujourd’hui des logiciels de routage nous assistent dans cette entreprise.

Avec des données météos récentes et les polaires du bateau (polaires du bateau = performances de vitesse du bateau selon l’angle et la force du vent), le logiciel calcule la meilleure route en fonction de la date de départ et des options sélectionnées (arriver le plus vite ou le plus confortablement possible, utiliser le moteur ou non, ne pas rencontrer plus de 30 noeuds de vent ou affronter toutes les tempêtes, favoriser le vent de face ou le vent arrière, etc.)


Simsail, un excellent logiciel (gratuit) de routage


Nous avons finalement levé l’ancre le 19 août 2020, espérant profiter de vents favorables derrière la dépression qui nous avait soufflé dessus copieusement pendant deux jours au mouillage de Praia da Vitoria (île de Terceira).


A peine franchie la digue qui protégeait l’entrée de la baie, nous avons rencontré une mer formée sur laquelle nous avons tout de même réussi à progresser convenablement poussés par un vent force 6 bien établi.

Si le bateau s’est parfaitement adapté à la houle, je ne peux pas en dire autant, terrassée par un sérieux mal de mer qui m’a tenue éloignée de la table à carte et des calculs de routage pendant 2 jours...

Car si le routage permet de choisir sa date de départ, il est également très utile tout au long de la traversée pour adapter quotidiennement sa route aux nouvelles prévisions météos que l’on récupère via le téléphone satellitaire. Notre ami Jérôme spécialiste du routage compare d’ailleurs cet exercice à une partie d’échecs avec la météo.


Après un premier « échec et mat », la houle et mon mal de mer ont fini par disparaître et j’ai pu reprendre ma place derrière l’échiquier.


La dépression avançant plus vite que nous, nous avons été progressivement distancés puis privés de vent ce qui nous a contraint à utiliser le moteur une dizaine d’heure.

Puis le vent est revenu et nous avons repris notre route en essayant de nous positionner le mieux possible à l’approche d’une nouvelle dépression. Les météos nous prédisaient un bon force 7 avec des rafales force 8. Méthodiquement, nous nous sommes mis en ordre de bataille : gennaker affalé au cas où il ne lui vienne l’idée de se dérouler inopinément par 40 noeuds de vent, cure de repos pour l’équipage en prévision de quarts de nuit compliqués, et bons petits plats préparés à l’avance pour remonter le moral si besoin.

Mais nous avons tellement bien contourné le cœur de la dépression que l’épreuve ne fut pas si terrible, malgré les premiers signes de défaillance de notre pilote automatique qui nous ont obligé à passer plus de temps derrière la barre.


A nouveau, la dépression a laissé place à la pétole, mais nous en sommes venus à bout après moins de 6 h de moteur et le moral galvanisé par la pêche d’un superbe thon de presque 15 kg.



Au bout d’une semaine nous avions déjà parcouru pratiquement 1000 miles (1852 km) et le vent n’allait plus nous abandonner jusqu’à l’arrivée.

Les 60 dernières heures auront été les plus éprouvantes. Pilote automatique HS et régulateur d’allure défectueux dans une mer trop grosse, c’est derrière la barre que nous avons affronté les dernières difficultés : trombes d’eau et vent force 7 toute une nuit, franchissement du rail des cargos qui relie la Manche au Portugal, rafale à 40 noeuds la nuit suivante, empannages intempestifs, douche glacée et salée au milieu du cockpit malgré notre taud, houle de 3 m au franchissement du plateau continental, tricotage au milieu des chalutiers, .... et enfin ... la Terre en vue !


Après avoir envisagé d’atterrir à Brest, nous avons préféré un point de chute qui nous paraissait plus facile d’accès car moins exposé aux courants et avons suivi les conseils avisés de nos amis navigateurs en allant nous mettre à l’abri du vent et de la houle sur la rivière de l’Odet (Sud de Quimper).

Comble du luxe, nous avons renoncé à jeter l’ancre pour nous accrocher à une bouée devant le port de Sainte Marine, et avons ainsi profité d’une douche chaude salvatrice après 9 jours et 7 h de navigation salée (pour 1260 mn / 2330 km).


Pythéas amarré entre Sainte Marine et Bénodet, Finistère Sud


Nos premiers pas en pays Bigouden nous ont beaucoup séduits, et l'émerveillement ne faisait que commencer...

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